Séminaires de l’axe 3

« Lire et écrire en pulaar dans la Vallée du Sénégal, en contexte écrit plurilingue et plurigraphe » et « L’éducation islamique et le mouvement éducation pour tous au Sénégal ».

4 avril 2013
14h-17h
« Lire et écrire en pulaar dans la Vallée du Sénégal, en contexte écrit plurilingue et plurigraphe » et « L’éducation islamique et le mouvement éducation pour tous au Sénégal ».
Séminaires de l’axe 3
@ CEPED

19 rue Jacob - 75006 PARIS

Dans le cadre du séminaire organisé par l’ARES (Association pour la recherche sur l’éducation et les savoirs) et l’Équipe « famille, éducation » du Ceped, deux présentations seront proposées :

  • Marie-Eve HUMERY (EHESS-IIAC) fera une présentation intitulée « Lire et écrire en pulaar dans la Vallée du Sénégal, en contexte écrit plurilingue et plurigraphe : outils d’investigation et principaux résultats. »

Résumé  :
Cette recherche pluridisciplinaire traite de l’écrit dans les trois principales langues scripturalisées en milieu haalpulaar du Fuuta Tooro (arabe, français et pulaar), chacune renvoyant à des statuts sociaux spécifiques et faisant l’objet d’usages de lecture et d’écriture relativement distincts. Le contexte particulier étudié, celui d’un mouvement socioculturel centré sur un militantisme en faveur de l’écriture du pulaar, sera tout d’abord rappelé et articulé à une brève description de la situation linguistique et éducative et de l’importance quantitative des compétences dans chaque langue écrite. L’essentiel du propos consistera ensuite d’une part en une présentation de la palette d’outils sur mesure développée pour mener cette étude quantitative et qualitative, d’autre part en celle des principaux résultats liés aux trajectoires et stratégies socio-éducatives repérées, mettant en lumière divers facteurs individuels, familiaux ou de catégories sociales. Parmi ces résultats, l’enquête ayant mobilisé une approche comparative entre deux villages voisins mais sociologiquement bien différents (l’un de « pêcheurs », l’autre de « guerriers »), les écarts observés d’un village à l’autre seront notamment soulignés. La tension entre le local et le transnational sera elle aussi évoquée, la zone d’enquête constituant un bassin d’émigration interne et internationale important depuis des décennies. Dans cette société haalpulaar dont la forte hiérarchisation sociale s’adosse à des champs de compétences scripturales et de savoirs, la notion de rapports sociaux de littératie pourra finalement être proposée à la discussion.

  • Sophie d’Aoust fera une présentation intitulée « L’éducation islamique et le Mouvement Éducation pour Tous au Sénégal »

Résumé  :

Dans les médias internationaux, les daaras traditionnels avec internat du Sénégal sont souvent associés avec violations des droits de l’enfant. Qui n’a pas entendu parler des problèmes de mendicité forcée des enfants talibés, élèves qui fréquentent ces écoles ? Pourtant ces daaras posent aussi problème d’un point de vue du droit à l’éducation. Dans le cadre du Mouvement Éducation pour tous (EPT), la communauté internationale a réaffirmé sa volonté de faire en sorte que tous les enfants puissent accéder à un enseignement primaire complet, gratuit, obligatoire et de qualité. Si l’on regarde les statistiques de l’UNESCO, on peut s’apercevoir que 22 % des enfants d’âge primaire au Sénégal sont non scolarisés. En font partie les élèves qui fréquentent à temps plein ces daaras traditionnels avec internat. Pour remédier à cette situation, le gouvernement sénégalais a opté pour différentes stratégies et a tenté d’enrôler les enfants fréquentant ces daaras par la mise en place de deux initiatives, c’est-à-dire la création d’écoles franco-arabes publiques et de daaras-modernes. Nous analyserons donc ces initiatives sous l’angle de leur respect du droit à l’éducation fondamentale et sous celui de leur « viabilité » d’un point de vue matériel et d’un point de vue sociologique qui renvoie plus largement à la question de l’adaptabilité du système formel d’éducation sénégalais à sa population à 95 % musulmane.