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Séminaire Science et société dans l’Anthropocène. Savoirs, marchés et politiques

7 février
10h-12h30
Séminaire Science et société dans l’Anthropocène. Savoirs, marchés et politiques
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@ UPC - Salle des Thèses (5e étage bât Jacob)

Université Paris Cité
45 rue des Sts pères 75006 paris

Organisation

  • Soraya Boudia, Cermes3 / Université Paris Cité - CNRS
  • Maël Goumri, Cermes3 / Université Paris Cité
  • KLEICHE-DRAY Mina, Ceped / Université Paris Cité - IRD
  • Justyna Moizard-Lanvin, Cermes3 / Université Paris Cité

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Présentation générale

Programme
Ce séminaire est un espace collectif de discussion et d’analyse des dynamiques de production et d’usage des savoirsscientifiques dans le contexte de la crise environnementale globale. Bien loin de se limiter aux seuls impacts majeurs dudérèglement climatique (sécheresse, mégafeux, inondations…), cette crise est caractéristique d’une époque marquée parun ensemble de diagnostics sur le tarissement des ressources énergétiques, la multiplication des pollutions chimiquespersistantes, l’appauvrissement des sols agricoles, la toxification des écosystèmes et des corps ainsi que l’accroissementsdes inégalités et des conflits. Il en résulte une imbrication de plusieurs crises qui peuvent être à l’origine de nouvellesformes d’instabilité et de fragilité des sociétés humaines générées par le niveau sans précédent de connectivité et decomplexité.
Ce séminaire s’intéresse à la place des savoirs scientifiques, leur production et leur mobilisation dans la définition et legouvernement des différentes facettes de cette crise globale. Si les constats liés à cette crise globale s’appuient sur uncorpus de savoirs toujours plus dense pour porter un diagnostic sur la situation actuelle, les savoirs scientifiques sontégalement convoqués dans la production de politiques visant à répondre à cette crise, que ce soit par la promotion de larésilience et l’adaptation des populations, des territoires ou des infrastructures que par le développement de nouvellessolutions techniques à l’origine de nouveaux marchés. L’entrée par les questions de savoirs permet d’explorerconjointement la matérialité des dégâts, les modes d’organisation économiques et politiques ainsi que les rapports depouvoir qui les ont fait advenir et les perpétuent y compris dans les futurs qui se construisent. Pour ce faire, ce séminaireexplore trois ensembles de questions :
1. Le premier ensemble concerne la production, la circulation et les recompositions des savoirs scientifiques sur l’état desécosystèmes, des ressources et des corps. Nous nous intéresserons aux cadrages et outils construits pour qualifier,quantifier, anticiper et gérer la crise environnementale globale et ses effets. Nous examinerons les reconfigurations del’organisations de la recherche scientifique pour tenter de répondre à des problèmes complexes avec l’émergence denouveaux découpages disciplinaires (one health, agroécologie, science de la durabilité, zone critique, habitabilité…). Nousaccorderons une attention particulière à la manière dont des scientifiques mettent en avant la nécessité detransformations des disciplines et des pratiques, la promotion d’approches interdisciplinaires intégrées ou inclusives ainsique la co-construction des savoirs avec différents acteurs concernés (experts, industriels, citoyens, populations ditesautochtones…). L’intérêt que nous porterons aux processus de production des savoirs mobilisés pour l’action publiqueinclue aussi bien la production massive de données grâce à des réseaux et infrastructures, parfois transnationaux, lestechnologies d’anticipation ainsi que les mises en relation des sciences avec une pluralité de savoirs (savoirs dits « traditionnels », savoirs subalternisés…) et les déplacements épistémologiques qu’elles impliquent.
2. Le deuxième ensemble de questions concerne la place des savoirs scientifiques dans les solutions politiques ettechniques apportées aux problèmes posés par la crise environnementale globale par un continuum d’acteurs publics etprivés. Il s’agit notamment de questionner les cadrages, discours et politiques des transitions dites « écologique » « énergétique », « numérique » ou « agro-alimentaire » qui promettent une conciliation de la protection del’environnement avec des enjeux économiques et sociaux. Nous examinons comment ces cadrages participent à laconstruction d’un nouveau régime de gestion des débordements des activités humaines et des désordres de la planète quireposent sur des ontologies divergentes.
Nous accordons une attention particulière au déploiement de solutions techniques – énergies renouvelables,géoingénierie, économie circulaire, agroécologie – porté par un techno-solutionnisme renouvelé, à l’origine de laconstruction de nouveaux marchés portés par des investissements publics (Green deal) et l’essor d’une finance verte.Enfin, nous examinerons les différentes critiques que ces solutions génèrent, que ce soit sur leur pertinence ou leurefficacité, les échelles de leur déploiement et les problèmes qu’elles posent (nouvel extractivisme vert). Nous porteronsune attention particulière aux formes de mobilisation auxquelles elles donnent lieu et à la reconduction des rapportsasymétriques qu’elles perpétuent à l’échelle internationale.
3. Le troisième axe de questionnement concerne les modes de vie dans les mondes dégradés de l’anthropocène. Malgréson caractère global, la crise environnementale touche les pays et les populations de façon très inégale dans le Monde.Le rapport récent du GIEC de 2021 souligne que les effets délétères du changement climatique sont ou serontprincipalement subis par les populations des pays du Sud (pourtour méditerranéen, Asie du Sud-Est, etc.). Certainespopulations, déjà vulnérables, sont souvent les premières victimes des évènements extrêmes (inondations, sécheresse,famines …) et des pollutions industrielles, en particulier lorsqu’elles se déploient sur des temps longs, donnant lieuparfois à des « catastrophes rampantes » (slow disasters). Il s’agira d’analyser comment l’intrication des crises impactedifféremment les territoires et les populations et comment elle peut contribuer à renforcer différentes inégalitéssociales, raciales et de genre que ce soit dans les pays du Nord ou entre différentes régions, notamment entre les paysdu Nord et ceux du Suds. Nous nous intéresserons à la manière dont ces inégalités et injustices sont aujourd’huidocumentées ou invisibilisées et prises en compte dans les politiques d’adaptation et de résilience. Nous nousintéresserons également aux actions de production alternative de savoirs (science citoyenne, community based research,civic lab …) ainsi qu’aux revendications contemporaines de justice (justice climatique, environnementale, transitionjuste…) et leurs effets sur l’élaboration d’alternatives techniques et politiques.

Programme des séances

  • 11/10 Sous-sols et transition énergétique

Juliette Cerceau (IMT Mines Alès/LGEI) et
Brice Laurent (Mines-PSL/CSI), Quand la mine déborde. Enquête sur la fabrique des territoires extractifs
Discutant : Maël Goumri (Université Paris Cité/CERMES3)

  • 22/11 Résidus - un autre regard sur l‘environnement

Nicolas Baya-Laffite (Université de Genève/IRS-GEDT), Des « twin transitions » ? : le vert, le numérique, et la politique de conciliation.
Discutante : Soraya Boudia (Université Paris Cité/CERMES3)

  • 06/12 Gouverner les ruines des catastrophes

Annabelle Moatty (CNRS/LGP), Trajectoires de reconstructions post-catastrophe : reproduction de l’existantversus adaptation ?
Discutante : KLEICHE-DRAY Mina (IRD/CEPED)

  • 24/01 Crise environnementale et nouveaux engagements publics

Sylvie Ollitrault (CNRS-EHESP/ISP), Nouvelles mobilisations environnementales : savoirs scientifiquesignorés et désobéissance civile
Discutante : Justyna Moizard-Lanvin (Université Paris Cité/CERMES3)

  • 07/02 Habiter la Terre depuis les Suds

Gabrielle Hecht (Stanford University), Gouvernance résiduelle : le futur de la planète vu de l’Afrique du Sud
Discutante : Frédérique Aït-Touati (CNRS/CRAL)

  • 19/03 Quelles sciences face aux changements globaux ?

Estienne Rodary (IRD/SENS), Vers un monde de (dé)connexions ? À la recherche des indices de la fin de la
modernité
Discutante : Nathalie Jas (INRAE/MoISA)