19 Rue Jacob 75006 Paris
Présentation de Marie Ladier-Fouladi
En 1979, suite à l’occupation de l’Afghanistan par les troupes soviétiques, plusieurs centaines de milliers d’Afghans ont fui leur pays pour se réfugier en Iran et au Pakistan. Selon les ministères iraniens de l’Intérieur et du Travail le nombre de réfugiés afghans s’élevait à 2,5 millions au début des années 1980. Durant ces mêmes années, l’État islamique, fraichement instaurée, a gardé une attitude bienveillante à l’égard des Afghans. Une grande majorité d’entre eux a reçu une carte « bleue » qui donnait le droit de résider dans le pays ainsi que toute une série d’avantages sociaux. En revanche, dans les années 1990, l’État islamique a adopté une attitude répressive qui depuis n’a cessé de se durcir. Il a ainsi décidé de ne plus renouveler ces cartes « bleues » ni en délivrer des nouvelles. En conséquence, des centaines de milliers d’Afghans qui n’ont pas obtenu de permis de séjour ont formé un important contingent d’immigrés en situation irrégulière et étaient donc exposés aux campagnes d’expulsion. Or, ces réfugiés et notamment immigrés afghans devenus irréguliers se trouvent dans une situation qui ne s’avère pas conforme au droit international dans la mesure où elle ne permet pas de garantir une protection internationale satisfaisante aux premiers ni de régulariser le statut des seconds.
En m’appuyant sur les données des recensements et d’une enquête réalisée par le Bureau des affaires des étrangers et immigrés du ministère iranien de l’Intérieur, je tracerai, en premier lieu, le portrait socio-démographique et économique des Afghans. J’examinerai ensuite les lois iraniennes relatives au séjour des étrangers et à la nationalité. L’objet consiste à mettre en évidence la difficile intégration des réfugiés et immigrés afghans en Iran, un pays en développement, où l’État de droit fait largement défaut et où les nationaux ont une perception souvent négative des réfugiés/immigrés.