Université Paris Descartes
45 rue des Saints Pères
75006 Paris
« Le Sens de sa place : Des Africains noirs racontent leurs expériences au sein de la société particulièrement racialisée que sont les États-Unis », un film de Bruno Moynié.
La projection sera suivie d’une débat avec Olivier Leservoisier,, professeur à l’Université Paris Descartes (Université Paris Descartes - Ceped)
Présentation :
C’est à Thibodeaux, Louisiane, lors d’un projet précédent (« Le gout de la route »)* que Bruno Moynié, réalisateur, fait la connaissance d’une jeune originaire du Togo enseignante de Français seconde langue au lycée du coin. Celle-ci lui raconte l’anecdote suivante : « Lorsque je suis arrivée ici, je me suis confrontée au racisme évident des parents qui n’avaient jamais eu d’enseignant noir. Puis, au bout de quelques temps l’on m’a dit : ‘Oh, mais toi tu viens d’Afrique, n’est-ce pas ? Genre… directement d’Afrique ? Alors, c’est bon ! Tu n’es pas noire ! »
Véritable moment déclic pour Bruno qui se décide alors de creuser ce sujet et recueillir des histoires concernant la question « raciale » en Amérique du Nord selon un angle peu exploré, et parfois dérangeant : celui de l’expérience des Noirs francophones d’origine africaine. Le sujet n’est pas tout à fait nouveau pour Bruno, lui-même marié à une femme d’origine burundaise ayant vécu aux États-Unis avec sa famille en tant que réfugiés pendant huit ans.
Pour réaliser ce projet documentaire, Bruno suit dans le rapport le plus personnel possible 8 personnages qui vivent dans des contextes bien différents et illustrent des problématiques distinctes sur ce continent.
Coincés entre la communauté « blanche » qui les perçoit d’abord comme « Noirs » avant de faire un savant distinguo d’avec les Africains-Américains, et ces derniers qui se sentent peu d’affinités communes avec eux, ces Africains vivent une situation d’isolement qui contribue à mettre en valeur la complexité des lignes de démarcation qui divisent plus ou moins subtilement les communautés aux USA.
Ni plaidoyer ni brulot, Bruno a tenté dans ce film de transmettre la voix de ceux qui vivent cette expérience en tâchant de refléter les différentes facettes et opinions que diverses personnes rencontrées ont partagé avec lui sur cette question, autant par le biais de sa belle-famille et que par les participants à ce projet.
À propos de Bruno Moynié
Bruno Moynié est un réalisateur/producteur avec une formation en anthropologie sociale et film ethnographique, et près de 20 ans de pratique en production documentaire. Son expérience et son charisme lui confèrent des capacités uniques pour se plonger dans des endroits différents, créer de solides rapports et capturer d’authentiques moments de l’activité humaine. Qu’il s’agisse de tournage au Canada (Toronto) où il réside, en Europe, en Asie, aux États-Unis ou en Afrique, Bruno se définit avant tout comme un « citoyen du monde ».
Le Ceped fait son cinéma...
Depuis longtemps, le cinéma ou la vidéo sont des moyens utilisés par les chercheurs pour rendre compte des phénomènes qu’ils observent sur le terrain afin de proposer un autre type de diffusion des recherches. Si la réalisation des documentaires prend une ampleur très forte en anthropologie, toutes les sciences sociales sont concernées par ce nouveau médium. S’agit-il de mieux capter le réel ? Peut-on considérer un documentaire au même titre qu’un ouvrage scientifique ? La position de la caméra ou le montage vidéo implique-t-il un regard spécifique sur le terrain ? En quoi une la caméra pose-t-elle des problèmes dans la relation aux personnes ? Les notions de subjectivité, d’intersubjectivité ou encore de co-construction sont par exemple en jeu dans les débats actuels autour du documentaire.
Le Ceped a initié depuis 2013 un cycle de projections de films documentaires suivies de débats.
La projection du film en présence du réalisateur et/ ou d’un conseiller scientifique du film sera suivi d’un débat introduit par un discutant.