Soutenance de thèse

Léo Manac’h soutient sa thèse

9 octobre
14h-17h30
Léo Manac’h soutient sa thèse
Soutenance de thèse
@ Amphi Giroud 3e étage due bât Jacob (plan joint) 45 rue des Sts Pères 75006 Paris

Résumé

Comment continuer à lutter quand les défaites se répètent ? À l’intersection d’une anthropologie des migrations, des émotions et des mobilisations, cette thèse cherche à comprendre comment la lutte pour les droits des étrangeres se poursuit dans un contexte politique et législatif hostile. Elle prend pour objet d’étude la défense du droit au séjour pour soins en France hexagonale, qui permet depuis 1998 à des étrangeres d’être régularisées pour motif de santé, à la suite de luttes menées contre l’expulsion de personnes séropositives au VIH dans les années 1990. Elle analyse les effets de la progressive précarisation de ce droit sur les conditions du maintien des étrangeres malades en France et surtout, sur les mobilisations politiques en faveur du droit au séjour pour soins.

À partir d’une ethnographie de deux ans, conduite dans l’association de lutte contre le VIH/sida Aides et dans l’espace interassociatif de défense du droit au séjour pour soins, de quatre-vingt entretiens et de l’étude d’archives associatives, cette thèse propose une anthropologie contemporaine de la défaite. Face au désespoir, particulièrement étudié dans le champ de lutte contre le sida des années 1980-1990, elle offre un déplacement vers la définition du découragement comme paradigme contemporain des mobilisations politiques. Le découragement apparaît comme un état affectif commun qui traverse les espaces de lutte dans la fermeture des horizons et des imaginaires politiques. Cette thèse montre comment il nait à la fois du durcissement des politiques migratoires et de leur mise en application restrictive aux guichets des administrations, mais aussi de la reproduction de rapports de domination entre les sujets d’une mobilisation qui se définit en lutte contre ces dominations. La démonstration cherche à rendre compte de la diffraction du découragement chez les sujets d’une mobilisation, et des façons dont il s’incarne aux échelles des subjectivités, des organisations collectives et comme ère du temps des mouvements sociaux contemporains.

Au contraire du désespoir qui s’exprime dans une brûlure, dans un insupportable ressenti qui touche aux valeurs et à la morale, cette thèse définit le découragement comme un état qui prend sa source dans l’assèchement de la puissance d’agir et provoque un engourdissement de la sensibilité. En procédant à l’ethnographie du découragement, ce manuscrit se présente comme une contribution à l’analyse des relations entre l’économie psychique et les structures sociales et politiques. Il examine les continuités et les ruptures dans les mises en sens du rapport à la défaite et à la perte dans les luttes marquées à gauche afin d’en singulariser la teneur actuelle.

Le jury

  • Laëtitia Atlani-Duault, Directrice de recherche, IRD, directrice de thèse
  • Roberto Beneduce, Professeur d’anthropologie, Université de Turin, rapporteur
  • Stefan Le Courant, Chargé de recherche en anthropologie CNRS, EHESS, examinateur
  • Chowra Makaremi, Chargée de recherche en anthropologie CNRS, EHESS, examinatrice
  • Michel Naepels, Directeur de recherche CNRS, EHESS, rapporteur
  • Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, Professeure des Universités, Université Paris Cité, examinatrice

Amphi Giroud, UPCité 45 rue des Sts Pères 75006 Paris
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