Séminaires de l’axe 1

« Les sauvages des villes » : Les prostituées à Paris (1830-1914). Une étude de cas en démographie anthropologique de la santé

9 février 2017
14h-15h
« Les sauvages des villes » : Les prostituées à Paris (1830-1914). Une étude de cas en démographie anthropologique de la santé
Séminaires de l’axe 1
@ Université Paris Descartes - Salle Leduc

45 rue des Saints Pères
Métro Saint Germain des Prés ou Mabillon

La démographie anthropologique est une discipline en plein essor. Ce séminaire montre que l’on trouve dans les écrits du XIXe siècle sur la prostitution les prémices d’une démographie anthropologique de la santé.
Au XIXe siècle les classes supérieures considéraient les prostituées des villes comme des sauvages. Le lien avec la pensée anthropologique est direct, car ce terme marquait une profonde distance avec les autres catégories sociales, surtout avec l’anthropologie physique de Lombroso et Tarnowsky. La relation à la socio-démographie naissante est tout aussi forte : les prostituées étaient réputées présenter un très large spectre de caractéristiques spécifiques, économiques, sociales, morales. Et du fait même de leur condition, elles étaient jugées responsables de maladies non moins spécifiques et qui plus est contagieuses, au premier rang desquelles la syphilis.
On analysera d’abord les écrits publiés entre 1830 et 1914 sur la prostituée en tant que figure anthropologique archétypale des sauvages des villes (I). La seconde partie est centrée sur la sexualité et les maladies sexuellement transmissibles, en particulier l’obsession du péril vénérien tout au long de la période (II). A partir des années 1860 et surtout 1880, les barrières liées à la perception des prostituées en tant qu’out-group radicalement distinct s’affaiblirent, évolution en étroite relation avec les changements dans le contexte économique, social et politique, et surtout avec les nouveaux comportements sexuels des femmes et des hommes de l’in-group. En même temps, la réglementation de la prostitution donna lieu à de violents débats idéologiques et politiques qui aboutirent à la prise du pouvoir par les médecins hygiénistes (III). Une conclusion d’ordre épistémologique sur le corps des prostituées et la République montre les limites de la théorie foucaldienne du bio-pouvoir (IV).

Invité : CHARBIT Yves, Professeur émérite

Ce séminaire sera suivi à partir de 15h d’une réunion interne regroupant les membres de l’axe 1 Santé et genre.