Intervention de Sébastien Boulay
Espace de contacts et de circulation ancien, le littoral atlantique mauritanien est aujourd’hui l’objet d’enjeux multiples et complexes. Connu pour l’abondance de ses ressources halieutiques et occupant une position stratégique entre Maghreb et Afrique subsaharienne, il se signale par la coexistence de groupes (pasteurs, pêcheurs artisanaux, transformateurs maliens et guinéens, commerçants, touristes européens) aux logiques de mobilité diverses, généralement articulées autour de stratégies d’accès au ressources naturelles.
Dans un contexte de surexploitation de ces ressources, les politiques mauritaniennes de conservation et d’aménagement du littoral se montrent non seulement désarmées dans la lecture de cette « configuration migratoire », mais aussi et surtout génératrices d’injustices sociales, de discours d’exclusion et de tensions/conflits entre les groupes.
En partant de l’exemple du Parc national du Banc d’Arguin, véritable laboratoire des migrations ouest-africaines, couvrant un tiers du linéaire côtier mauritanien, et en m’appuyant sur des enquêtes menées entre 2006 et 2008 dans le cadre du programme de coopération scientifique PACOBA (MAE français-PNBA-IMROP), je m’intéresserai notamment aux conséquences sociales du choix de certains termes (« résident », « autochtone », « migrant », « étranger », …) dans les politiques d’aménagement du littoral.