Autres séminaires

Séminaire Science et société dans l’Anthropocène. Savoirs, marchés et politiques - séance : « Transition agroécologique »

15 février 2023
10h-12h30
Séminaire Science et société dans l’Anthropocène. Savoirs, marchés et politiques - séance : « Transition agroécologique »
Autres séminaires
@ Salle des Thèses (5e étage bât Jacob)

Université Paris Cité – Campus Saint-Germain. 45, rue des Saints-Pères 75006 Paris

15/02 - Transition agroécologique en salle des Thèses

  • Alison Loconto (INRAe / LISIS), Tensions entre savoirs, environnements et gouvernances dans les transitions des systèmes alimentaires – une question ontologique ?
  • Eric Léonard et Philippe Lavigne-Delville (IRD / SENS), Quelles politiques foncières pour accompagner les transitions agro-alimentaires en Afrique subsaharienne ? : Des trajectoires entre modèles idéologiques, dispositifs technologiques et communautés épistémiques
    Discutantes : Demeulenaere Élise (CNRS/CAK) et KLEICHE-DRAY Mina (IRD/Ceped)

Organisation

Soraya Boudia, Université Paris Cité / Cermes3
Maël Goumri, Université Paris Cité / Cermes3
KLEICHE-DRAY Mina, Ceped / Université Paris Cité - IRD
Justyna Moizard-Lanvin, Université Paris Cité / Cermes3

  • Lieu : Université Paris Cité – Campus Saint-Germain, 45, rue des Saints-Pères 75006 Paris
  • Salle : bâtiment principal, R 229 ou Bâtiment Jacob, salle des thèses (SDT)
  • Dates : 19/10, 16/11, 14/12, 18/01, 15/02
  • Horaires : 10h00-12h30 sauf 16/11 (14h00-16h30)

Présentation

Ce séminaire a pour objectif de créer un espace collectif de discussion et d’analyse des dynamiques de production et d’usage des savoirs scientifiques dans le contexte de la crise environnementale globale. Bien loin de se limiter aux seuls impacts majeurs du dérèglement climatique (sécheresse, mégafeux, inondations…), cette crise est caractéristique d’une époque marquée par un ensemble de diagnostics sur le tarissement des ressources énergétiques, la multiplication des pollutions chimiques persistantes, l’appauvrissement des sols agricoles, la toxification des écosystèmes et des corps ainsi que l’accroissements des inégalités et des conflits. Il en résulte une imbrication de plusieurs crises qui peuvent être à l’origine de nouvelles formes d’instabilité et de fragilité des sociétés humaines générées par le niveau sans précédent de connectivité et de complexité.
Ce séminaire s’intéresse à la place des savoirs scientifiques, leur production et leur mobilisation dans la définition et le gouvernement des différentes facettes de cette crise globale. Si les constats liés à cette crise globale s’appuient sur un corpus de savoirs toujours plus dense pour porter un diagnostic sur la situation actuelle, les savoirs scientifiques sont également convoqués dans la production de politiques visant à répondre à cette crise, que ce soit par la promotion de la résilience et l’adaptation des populations, des territoires ou des infrastructures que par le développement de nouvelles solutions techniques à l’origine de nouveaux marchés. L’entrée par les questions de savoirs permet d’explorer conjointement la matérialité des dégâts, les modes d’organisation économiques et politiques ainsi que les rapports de pouvoir qui les ont fait advenir et les perpétuent y compris dans les futurs qui se construisent. Pour ce faire, ce séminaire explore trois ensembles de questions :

  • 1. Le premier ensemble concerne la production, la circulation et les recompositions des savoirs scientifiques sur l’état des écosystèmes, des ressources et des corps. Nous nous intéresserons aux cadrages et outils construits pour qualifier, quantifier, anticiper et gérer la crise environnementale globale et ses effets. Nous examinerons les reconfigurations de l’organisations de la recherche scientifique pour tenter de répondre à des problèmes complexes avec l’émergence de nouveaux découpages disciplinaires (one health, agroécologie, science de la durabilité, zone critique, habitabilité…). Nous accorderons une attention particulière à la manière dont des scientifiques mettent en avant la nécessité de transformations des disciplines et des pratiques, la promotion d’approches interdisciplinaires intégrées ou inclusives ainsi que la co-construction des savoirs avec différents acteurs concernés (experts, industriels, citoyens, populations dites autochtones…). L’intérêt que nous porterons aux processus de production des savoirs mobilisés pour l’action publique inclura aussi bien la production massive de données grâce à des réseaux et infrastructures, parfois transnationaux, les technologies d’anticipation ainsi que les mises en relation des sciences avec une pluralité de savoirs (savoirs dits « traditionnels », savoirs subalternisés…) et les déplacements épistémologiques qu’elles impliquent.
  • 2. Le deuxième ensemble de questions concerne la place des savoirs scientifiques dans les solutions politiques et techniques apportées aux problèmes posés par la crise environnementale globale par un continuum d’acteurs publics et privés. Il s’agit notamment de questionner les cadrages, discours et politiques des transitions dites « écologique » « énergétique », « numérique » ou « agro-alimentaire » qui promettent une conciliation de la protection de l’environnement avec des enjeux économiques et sociaux. Nous examinons comment ces cadrages participent à la construction d’un nouveau régime de gestion des débordements des activités humaines et des désordres de la planète qui reposent sur des ontologies divergentes. Nous accordons une attention particulière au déploiement de solutions techniques – énergies renouvelables, géoingénierie, économie circulaire, agroécologie – à l’origine de la construction de nouveaux marchés portés par des investissements publics (Green deal) et l’essor d’une finance verte. Enfin, nous examinerons les différentes critiques que ces solutions génèrent, que ce soit sur leur pertinence ou leur efficacité, les échelles de leur déploiement et les problèmes qu’elles posent (nouvel extractivisme vert). Nous porterons une attention particulière aux formes de mobilisation auxquelles elles donnent lieu et à la reconduction des rapports asymétriques qu’elles perpétuent à l’échelle internationale.
    3. Le troisième axe de questionnement concerne les modes de vie dans les mondes dégradés de l’anthropocène. Malgré son caractère global, la crise environnementale touche les pays et les populations de façon très inégale dans le Monde. Le rapport récent du GIEC de 2021 souligne que les effets délétères du changement climatique sont ou seront principalement subis par les populations des pays du Sud (pourtour méditerranéen, Asie du Sud-Est, etc.). Certaines populations, déjà vulnérables, sont souvent les premières victimes des évènements extrêmes (inondations, sécheresse, famines …) et des pollutions industrielles, en particulier lorsqu’elles se déploient sur des temps longs, donnant lieu parfois à des « catastrophes rampantes » (slow disasters). Il s’agira d’analyser comment l’intrication des crises impacte différemment les territoires et les populations et comment elle peut contribuer à renforcer différentes inégalités sociales, raciales et de genre que ce soit dans les pays du Nord ou entre différentes régions, notamment entre les pays du Nord et ceux du Suds. Nous nous intéresserons à la manière dont ces inégalités et injustices sont aujourd’hui documentées ou invisibilisées et prises en compte dans les politiques d’adaptation et de résilience. Nous nous intéresserons également aux actions de production alternative de savoirs (science citoyenne, community based research, civic lab …) ainsi qu’aux revendications contemporaines de justice (justice climatique, environnementale, transition juste…) et leurs effets sur l’élaboration d’alternatives techniques et politiques.

PROGRAMME

  • 19/10 - Sciences participatives et justice environnementale
    Barbara Allen (Virgina Tech), Participatory science, environmental social movements, and structural change : Case studies from French and US contexts
    Discutantes : Laura Barbier (MTE / CERMES3) et Catherine Bourgain (INSERM / CERMES3)
  • 16/11 - Vivre dans un monde nucléaire
    Bernadatte Bensaude-Vincent (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), Risques et futurs nucléaires. À partir de l’ouvrage B. Bensaude, S. Boudia et K. Sato (Eds), Living in a Nuclear World : From Fukushima à Hiroshima (Routledge, 2022), avec la participation de S. Boudia, M. Goumri, T. Navarro, H. Barnes, auteurs de chapitres
    Discutant : Francis Chateauraynaud (EHESS / GSPR)
  • 14/12- Transition énergétique en R229
    Antik Kumar (University of Sheffield), Dilemmas of Energy Transitions in the Global South : Balancing Urgency and Justice
    Discutant : Maël Goumri (CERMES3)
  • 25/01 - Changement climatique, adaptation et résilienceen salle des Thèses
    Magali Reghezza (ENS Ulm / CERES), S’adapter à un climat qui change : sortir de la résilience incantatoire
    Discutante : Soraya Boudia (Université Paris Cité / CERMES 3)
  • 15/02 Transition agroécologique en salle des Thèses
    Alison Loconto (INRAe / LISIS), Tensions entre savoirs, environnements et gouvernances dans les transitions des systèmes alimentaires – une question ontologique ?
    Eric Léonard et Philippe Lavigne-Delville (IRD / SENS), Quelles politiques foncières pour accompagner les transitions agro-alimentaires en Afrique subsaharienne ? : Des trajectoires entre modèles idéologiques, dispositifs technologiques et communautés épistémiques
    Discutantes : Demeulenaere Élise (CNRS/CAK) et KLEICHE-DRAY Mina (IRD / Ceped)