Djihadisme, banditisme, piraterie, le président Buhari, au pouvoir depuis bientôt huit ans au Nigéria, avait promis d’en finir avec les troubles sécuritaires qui minent la vie et l’économie de sa population. A l’issu de son mandat, quelle est la situation sécuritaire du pays ?
Avec
- Vincent Foucher Chargé de recherche CNRS au LAM
- Marc-Antoine Pérouse de Montclos Politologue, Directeur de recherche de l’IRD
- Bertrand Monnet Professeur à l’EDHEC et responsable de la chaire management des risques criminels
“Je ne le savais pas encore, mais cet arbre était notre future école. On devait s’y placer, s’y asseoir et s’y agenouiller cinq fois par jour pour la prière. On allait nous faire apprendre par cœur les sourates dans une langue qui nous était étrangère et adorer un dieu qui n’était pas le nôtre. De temps en temps, on ferait des photos de nous à envoyer, de nous dans nos vêtements sinistres, avec nos airs mortifiés, regroupées, que nos parents éperdus les scrutent à la recherche des leurs parmi les nombreux visages qui désormais semblaient tous identiques et pitoyables” Edna O’Brien, Girls.
En avril 2014, les 276 petites lycéennes étaient enlevées par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria. En 2023, celles qu’on appelle les “filles de Chibok” ont neuf ans de plus. Certaines ont pu s’échapper et retrouver leurs familles, d’autres sont toujours captives des djihadistes. Toutes auraient eu d’eux des enfants. Depuis cet enlèvement retentissant, on entend moins parler de la violence au Nigeria pourtant toujours quotidienne. Une insurrection djihadiste sévit toujours dans le nord-est, le banditisme armé prolifère dans le centre et le nord-ouest, sans oublier la piraterie qui persiste au sud dans le delta du Niger. L’État peine à maintenir l’ordre d’autant que l’armée nigériane se rend elle-même régulièrement coupable d’exactions.
Ecouter le podcast ICI