- « Religions et pandémies », émission France Inter, L’heure Philo du vendredi 3 juin 2022 par Patricia Martin
Les religions ont-elles quelque chose à dire au sujet de la pandémie de Covid 19 et des pandémies plus généralement ?
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- Article Le Monde 19 mai 2022
« La crise sanitaire a pris la forme d’un kairos, d’un temps décisif, d’une occasion critique d’apercevoir ce qui est d’ordinaire inaperçu, (…) de réviser nos priorités. » Tel est le constat du philosophe protestant Olivier Abel dans l’ouvrage Les Spiritualités en temps de pandémie – dirigé par l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault –, qui questionne « ce que les religions ont à nous dire », en ce « temps décisif ».....
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- « Les spiritualités en temps de pandémie » : la crise due au Covid-19 vue par des représentants religieux français
Rédigé sous la direction de Laëtitia Atlani-Duault, l’ouvrage donne la parole à des responsables religieux et à des intellectuels des différentes communautés, pour partager les enseignements spirituels tirés de deux ans de pandémie.
Par Gaétan Supertino — Publié le 18 mai 2022 à 16h30
Livre. « La crise sanitaire a pris la forme d’un kairos, d’un temps décisif, d’une occasion critique d’apercevoir ce qui est d’ordinaire inaperçu, (…) de réviser nos priorités. » Tel est le constat du philosophe protestant Olivier Abel dans l’ouvrage Les Spiritualités en temps de pandémie – dirigé par l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault –, qui questionne « ce que les religions ont à nous dire », en ce « temps décisif ». Et de convoquer les principaux représentants religieux français, d’Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, à Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris. « L’enjeu théologique posé par les épidémies est celui des rapports entre la foi, le plan divin et la marche naturelle du monde », résume Denis Malvy, médecin et prêtre orthodoxe.
Tous n’ont pas vécu la période de la même manière. Les catholiques, dont les rites sont par nature liés à la présence physique, semblent avoir particulièrement souffert de la limitation des cultes liée aux mesures sanitaires. Quant aux juifs, ils ont subi de nouveau les relents antisémites qui persistent dans notre société, à travers la question « qui ? », agitant les réseaux sociaux, ou les étoiles jaunes arborées lors de manifestations contre le passe vaccinal.
Beaucoup partagent néanmoins des réflexions communes, qu’ils soient chrétiens, musulmans, juifs ou bouddhistes. Cette crise nous confronte au mystère de la souffrance et à notre finitude, partiellement masquée par les progrès scientifiques et technologiques. Or, « il n’y a rien de plus spirituel que de consentir à la finitude », commente François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France.
Cette pandémie interroge par ailleurs notre rapport à la mort, à nos morts : tous les intervenants témoignent de la souffrance de ceux qui n’ont pas pu dire au revoir à leurs proches en raison des mesures sanitaires. « Saurons-nous rebâtir ensemble, face à la mort, ce que signifie un authentique au revoir ? », interroge Laëtitia Atlani-Duault. Enfin, une telle crise souligne les fragilités de nos sociétés contemporaines : l’interdépendance de nos économies, la confiance aveugle au progrès, les logiques de court terme, l’individualisme, etc.
On peut regretter, en plus de quelques lourdeurs de style, l’absence de représentants de spiritualités « laïques » – comme si la spiritualité était l’apanage des religions institutionnelles. Outre certaines injonctions faciles sur ce qui n’a pas été fait ou qui aurait dû être fait, le moment choisi pour publier ces contributions pose question, alors que nous manquons de recul pour tirer les leçons, même spirituelles, d’une pandémie qui n’est pas terminée. Mais l’ouvrage soulève aussi des questions que nos sociétés ont tout intérêt à se poser dès maintenant, et qui intéresseront aussi les non-croyants.
Qu’est-ce qui est vraiment essentiel pour nous, individuellement et collectivement ? Sommes-nous satisfaits de notre rapport au temps ? Comment réagir face à l’incertitude et à l’inexplicabilité de certains maux ? En convoquant les textes sacrés, mais également Paul Ricœur, Saint-Exupéry ou Albert Camus, les auteurs nous livrent quelques précieuses clés pour méditer sur cette crise et les suivantes.