Soutenance de thèse

Marion Ravit soutient sa thèse

24 juin 2019
9h30-12h
Marion Ravit soutient sa thèse
Soutenance de thèse
@ Salle des thèses (5è étage bâtiment Jacob)

Université Paris Descartes
45 rue des Saints Pères
75006 Paris

Marion Ravit soutient sa thèse intitulée« L’accès à la césarienne dans différents contextes de financement des soins de la santé maternelle en Afrique de l’Ouest », thèse réalisée sous la direction d’Alexandre Dumont , le 24 juin 2019

Membres du Jury :

  • Alexandre Dumont (Ceped) : Directeur de thèse

Rapporteur

  • Manuela De Allegri (Institute of Global Health of the University of Heidelberg) :
  • Carine Milcent (Ecole d’Economie de Paris

Examinateur

  • Catherine Deneux-Tharaux (Equipe EPOPé, INSERM)
  • Mamadou Traoré (Université de Bamako)
  • Pierre Chauvin (Equipe de recherche en épidémiologie sociale (ERES), UPMC)

Résumé
En Afrique Sub-Saharienne, seules 3% des femmes accouchent par césarienne, ce qui est bien en-dessous du taux minimum de 5% recommandé pour couvrir tous les besoins obstétricaux. En plus d’être insuffisant, l’accès à la césarienne dans cette sous-région est inégal puisque ce sont les femmes les plus riches et celles qui vivent en milieu urbain qui en bénéficient le plus. Le Mali et le Bénin ont introduit une politique de gratuité ciblant les césariennes, respectivement en 2005 et 2009. Les femmes enceintes continuent à payer pour se faire soigner, mais, en cas de césarienne, leurs soins sont gratuits. En Mauritanie, avec le soutien de l’Agence Française de Développement (AFD), un forfait obstétrical a été mis en œuvre progressivement depuis 2002, permettant aux femmes d’accéder à tous les soins durant la grossesse et l’accouchement, y compris la césarienne, contre le paiement d’une prime d’environ 15 euros. Cette thèse cherche à savoir si ces différentes réformes permettent réellement d’améliorer l’accès des femmes enceintes aux soins obstétricaux en général et à la césarienne en particulier.
Les politiques étudiées ici ont été mises en place dans les années 2000 sans processus spécifique d’évaluation. Nous avons utilisé des données existantes (Enquêtes démographiques et de santé et enquêtes à indicateurs multiple), représentatives de la population au niveau national et des méthodes quasi-expérimentales pour évaluer l’impact de ces réformes sur les taux d’utilisation des services de santé maternelle et néonatale. Nous avons également évalué les effets de ces politiques sur les inégalités de santé en comparant l’utilisation de la césarienne comme mode d’accouchement entre différents groupes de femmes, selon leur zone de résidence (urbain/rural), leur niveau d’éducation et leur niveau de richesse.
La première partie de cette thèse montre que l’utilisation des services de santé pour l’accouchement et la césarienne a été amélioré au Mali et au Bénin où la gratuité de la césarienne a été mise en place, comparativement à des pays sans ce type de réforme. En revanche, la gratuité de la césarienne n’a pas eu d’effet sur les inégalités de santé en ce qui concerne l’accès à la césarienne. La deuxième partie de la thèse montre que le forfait obstétrical en Mauritanie a permis une amélioration de l’utilisation des services de santé pour les femmes enceintes, sans cependant avoir eu d’effet sur les taux globaux de césarienne. Néanmoins, des effets sur les inégalités de santé sont à noter.
Les résultats de cette thèse renforcent l’idée que les paiements directs des soins dans les formations sanitaires en Afrique sub-saharienne constituent une barrière importante qui limite l’accès des femmes enceintes aux services de santé en général et à la césarienne en particulier. En revanche, il est important que les gouvernements se tournent désormais vers des mécanismes promouvants l’universalisme proportionné pour assurer un accès équitable aux soins de santé. Il est primordial que ces réformes, mises en œuvre depuis plus de dix ans, soient évaluées et que les décideurs aient pleinement connaissance de leurs effets afin d’assurer aux femmes enceintes un accès optimal aux soins et ainsi réduire la mortalité maternelle.