Le colloque international Technologies de la procréation et mondialisation , organisé par le Ceped, l’université de Paris Descartes se tiendra les 12 et 13 décembre 2013 à l’Amphithéâtre Vulpian de l’Université Paris Descartes
Le développement de l’Assistance Médicale à la Procréation en Afrique subsaharienne à partir des années 1980 est largement méconnu dans le monde scientifique et médiatique. Son histoire mérite d’être présentée pour mieux évaluer les conditions de diffusion et d’appropriation de cette innovation technologique et sociale par les acteurs sociaux (médecins de la reproduction, biologistes, patients, acteurs politiques et religieux). Par ailleurs, le recours aux biotechnologies de la procréation est révélateur d’un modèle de reproduction, basé sur la notion de désir d’enfant, modèle défendu par les classes moyennes africaines contemporaines, dans le contexte plus vaste de la santé de la reproduction et du droit des femmes (accès à la maîtrise du corps, à la contraception et à l’avortement non clandestin et à des services de santé prenant en charge l’infécondité des couples). Ceci étant, l’Assistance Médicale à la Procréation est porteuse de profondes inégalités de classes, de genre et de « race » (en Afrique du sud), et également d’accès à l’information. A cette date, les technologies de la reproduction se situent dans des cliniques privées, même si des médecins hospitaliers tentent de réaliser des structures à « low cost ». Les clients de ces institutions incarnent une classe moyenne émergente à la recherche de soins de qualité nécessitant une introduction dans des réseaux internationaux où se mettent en place de nouveaux espaces de santé. Le recours à l’Assistance Médicale à la Procréation modifie, de fait, leur rapport à la santé et à l’information médicale d’une manière plus générale. Dans ce contexte, ils n’hésitent pas à recourir aux technologies de l’information (forums, blogs, sites internet) et à se déplacer à travers le continent africain ou même en Europe, s’adressant notamment en Ile-de-France aux services de médecine de la reproduction, avec un cadre médico-légal français jugé pour nombre de femmes migrantes nées en Afrique subsaharienne et résidant en France comme beaucoup trop contraignant (limite d’âge, don d’ovocyte anonyme).