Coordinateurs
Programme des séminaires de l’axe 2 en 2021-2022
Problématique de l’équipe : rapports de pouvoir, interactions et pratiques des acteurs de la migration
Nos recherches traitent des liens entre les migrations et le développement à partir d’une réflexion pluridisciplinaire menée sur les différents acteurs de la migration : le migrant, sa famille, ses groupes d’appartenances, les réseaux, les Etats et institutions en tant que responsables des politiques migratoires, les organisations de la société civile impliquées dans le processus de négociation des normes, les réseaux de trafic ou de traite.
Les pratiques (sociales, culturelles, langagières, démographiques, économiques, politiques, juridiques, éducatives) de ces acteurs constituent l’objet d’étude privilégié de nos analyses. Nous accordons une attention particulière aux relations de pouvoirs et/ou d’inégalités entre les acteurs, à l’étude de la production des normes et valeurs impliquant différents domaines de la société (santé, éducation, religion, économie, gestion des ressources, politique, environnement juridique) et aux compétences et stratégies développées par les acteurs de la migration.
Nous analysons comment les migrants mobilisent les ressources matérielles et symboliques de leur capital social, ainsi que de leurs territoires d’origine, de transit et d’accueil. Nous étudions la manière dont les migrations peuvent transcender les frontières, les discontinuités physiques, socio-spatiales, juridiques et idéologiques, en construisant de nouveaux espaces réels, virtuels, culturels.
Des acteurs dans un contexte
L’analyse des pratiques migratoires doit être replacée dans le contexte actuel d’un monde globalisé où la mobilité humaine est un enjeu, une compétence ou une ressource. Dans un monde interconnecté, les personnes, les informations et les normes circulent plus vite et de façon plus diversifiée. Elles sont vecteurs de changements au Sud comme au Nord. La circulation des migrants est soumise à des contrôles, entre autres administratifs et sanitaires qui imposent de prendre en compte la dimension juridique et politique, et pas seulement sociale et économique des phénomènes étudiés. L’influence des migrants, variable selon les lieux, produit par ailleurs des effets contrastés sur les relations de pouvoir entre et à l’intérieur des pays d’accueil, de transit et d’origine. On examine cette influence en étudiant le fonctionnement des associations de développement, des réseaux diasporiques, des mobilités sociales, des engagements politiques et des investissements économiques.
Des méthodologies articulant les échelles d’analyses (micro, méso, macro)
Dans une perspective pluridisciplinaire, nos recherches sur les migrations s’appuient sur un large corpus alliant bases de données quantitatives, enquêtes qualitatives et multi-situées, ethnographies, biographies, analyses des discours, pratiques et normes véhiculés par les acteurs concernés. Cette richesse des corpus mobilisés permet de mener des recherches approfondies en faisant varier les échelles d’analyse : du niveau micro (individus), méso (famille, communauté, réseaux, organisations de la société civile), à l’approche macro (politiques publiques, institutions) des différents acteurs de la migration.
L’axe 2 du Ceped est porté par une équipe de chercheurs en sciences sociales, spécialistes des migrations et des mondes en développement issus de plusieurs disciplines : démographes, anthropologues, sociologues, géographes, linguistes, juristes et politistes.
Nos terrains d’enquête
Nos recherches sont menées dans des aires géographiques diversifiées (Afrique, Amérique Latine, Asie, Moyen-Orient, Etats-Unis, Caraïbes, Océan indien, territoires d’outre-mer, Europe, etc.). Elles portent tout autant sur les pays d’origine des migrants que ceux d’accueil ou de transit, dans une perspective d’analyse Sud-Nord, Nord-Sud et Sud-Sud des migrations.
Les grandes thématiques
Les travaux menés au sein de l’axe 2 couvrent un large champ : contextes et déterminants des différents types de migrations (pour études, de travail, familiales, des élites, forcées…), impact des migrations sur la démographie et le développement, sur l’économie, sur les pratiques de consommation, sur les dynamiques familiales et sociales des migrants, sur l’accès aux droits des mineurs , sur les rapports de pouvoir (conflits, solidarité, dépendance, justice). Les projets actuellement développés s’articulent autour de quatre grandes thématiques :
1. Acteurs sociaux et réseaux migratoires
Si les décisions de partir ou de rester appartiennent au migrant, sa trajectoire individuelle et ses choix s’inscrivent largement dans son entourage familial et social. Ce dernier, constitué des réseaux de parenté et de connaissances, évolue tout au long du parcours migratoire et dépend de contraintes culturelles, sociales, économiques, religieuses, juridiques et politiques. Nos projets de recherche analysent la constitution particulière de ces réseaux sociaux pendant la migration des acteurs, et les relations sociales et familiales en situation de migration. Plus particulièrement, nous analysons l’influence des facteurs tels que l’âge, le genre ou l’origine des migrants sur les réseaux sociaux, les dynamiques familiales, sociales et professionnelles ou encore les pratiques transnationales (investissement au pays d’origine, transferts monétaires…). Nous interrogeons l’émergence ou la persistance de liens sociaux et familiaux à distance.
2. Circulation des idées, des normes et des pratiques
La circulation des migrants est soumise à une série de contrôles sociaux, culturels, économiques, juridiques et politiques des sociétés de départ, d’arrivée et de transit et des organisations transnationales aux intérêts divergents. Notre approche vise à analyser la relation entre la structuration de ces rapports inégaux de pouvoir et la manière dont les normes émergent, se négocient, se propagent, se transforment et sont contestées. La production et la circulation des normes et du savoir sont ainsi abordées dans une perspective dynamique, à partir de quatre dimensions principales : une approche politique (opinions, association de migrants, militantisme), juridique (politiques publiques, textes normatifs, jurisprudence), socio-économique (pratiques de consommation) et une approche linguistique (contacts de langues et de discours).
3. Mobilisations et pouvoirs
Nos recherches portent également sur les problématiques de l’engagement et de l’action collective, en prêtant attention aux parcours militants, aux luttes et mobilisations politiques, et aux rôles des organisations de la société civile et de l’aide humanitaire, notamment lorsqu’elles sont en lien avec des mouvements de déplacement des populations. Elles étudient ces questions en conjoncture routinière mais aussi et surtout en situation de crise politique et de conflit, comme par exemple dans le cadre du conflit israélo-palestinien, de la guerre en Syrie ou de l’insurrection armée lancée par Boko Haram. Notre approche privilégie une analyse en termes de registres d’action et de pratiques, de récits de vie et de mise en sens de l’action, et enfin de formes de gouvernance, en explorant particulièrement les investissements concurrentiels et les tensions que l’action collective et les migrations génèrent.
4. Parcours migratoires, récits et discours
L’approche langagière par le biais de la narratologie, de l’analyse de discours ou de l’observation du langage comme pratique sociale constitue un champ renouvelé dans le domaine de l’étude des migrations en France. La mise en question des modes de production des discours sur les migrations et par les migrants eux-mêmes, conduit à repenser les contextes socioculturels et la place des chercheurs dans la production de ces discours. La description des ressources langagières de personnes migrantes et de leur exploitation dans des contextes divers rend compte des enjeux majeurs que représentent pour eux les questions linguistiques relativement à l’accès aux droits et à la justice.
Membres
Terrains de l’axe
- Algérie
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- Brésil
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- Cap-Vert
- Chine
- Colombie
- Congo (la Rép. dém. du) (ex-Zaïre)
- Congo
- Côte d’Ivoire
- Égypte
- Espagne
- États-Unis
- Éthiopie
- France
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- Grèce
- Guadeloupe
- Guinée-Bissau
- Guinée
- Guyana
- Guyane française
- Haïti
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- Niger
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- Palestine
- Pérou
- Portugal
- République centrafricaine
- Royaume-Uni
- Sénégal
- Suriname
- Syrie
- Tanzanie
- Tunisie
- Turquie
- Ukraine
- Venezuela
- Viêt Nam
Projets de recherche
- ELIPS – Equality and Law in Personal Status
- ERA - Justice juvénile et santé mentale des jeunes au Sénégal
- Faisabilité et acceptabilité de la thérapie interpersonnelle de groupe pour la prise en charge des symptômes dépressifs modérés à sévères chez les patients vivant avec le VIH dans la banlieue et hors de Dakar au Sénégal
- Fils d’Actualité Covid19-Migrations
- HYCI - Hyper-lieux, Crises, Migrations et Inégalités
- Introduction de la santé mentale dans les EDS au Sénégal
- La fabrique des réseaux de traite à des fins d’exploitation sexuelle
- Les migrations des Haalpulaaren aux Etats-Unis. Transnationalisation du politique, pouvoirs et hiérarchies sociales en situation migratoire
- LIVE-AR The subsequent lives of Arab revolutionaries
- L’offre privée de soins en santé mentale au Sénégal. Etat des lieux, enjeux thérapeutiques et sociaux.
- MEPAD - Réflexion critique participative des méthodologies participatives
- NigeriaWatch : La mortalité violente au Nigeria
- PluMA-MNA Plurilinguismes, Mobilité et apprentissages en Ile de France : de la complexité des ressources langagières en contexte à leur développement réfléchi en formation
- Production, circulation et consommation de l’alcool au Maroc
- Régulation des conflits et stratégies d’action humanitaire dans les pays en crise
- Santé mentale et mesure statistique : analyse et valorisation de l’EDS-C 2019
- Une infrastructure de recherche innovante basée sur les NTIC au service du dialogue Euro-africain sur la Migration et le Développement