Axe 2 - Migration, pouvoir, développement

Introduction de la santé mentale dans les EDS au Sénégal

Axe de rattachement au Ceped : Axe 2 - Migration, Pouvoir, Développement

Responsable scientifique du projet au Ceped

PETIT Véronique

Membres extérieurs au Ceped participant au projet

  • TINE Jean Augustin Diégane, MSAS (Ministère de la Santé et de l’action sociale, Division santé mentale), Université Cheikh Anta Diop (UCAD)
  • SENE Papa Ibrahima Silmang, ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie)
  • NDIAYE Samba, ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie)
  • LY El Hadj Yaya, ANSD (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie)
  • NIANG DIENE Aminata (Université Cheikh Anta Diop, laboratoire dynamiques territoriales et de santé)

Partenariats dans le pays de recherche

Partenariat sans convention

Résumé

Alors que les travaux relatifs à la charge de morbidité globale ont permis de mieux mesurer le poids croissant des maladies mentales et de contribuer au plaidoyer qui a permis d’intégrer la santé mentale dans la santé globale et dans les Objectifs du Développement Durable, les rapports de l’OMS et nombre d’études soulignent le déficit de recherches et de production statistique dans les pays LMI et tout particulièrement en Afrique subsaharienne, auquel s’ajoute le manque d’investissements et d’engagement politique vis-à-vis de ce champ de la santé. Alors que 134 $ sont dépensés pour le vih/sida, moins de 1$ est attribué à la santé mentale : les conséquences de sous-investissement se traduisent par exemple par un accès limité aux traitements (90% des patients avec des troubles graves ne sont pas soignés), une offre de santé insuffisante et concentrée dans la capitale et les grands centres urbains, des soins de qualité insuffisante, un moindre respect des droits des personnes malades, un personnel spécialisé insuffisant. On estime que l’écart entre la mortalité entre les personnes sans maladie mentale et celle vivant avec une pathologie mentale est d’environ 30 ans dans les pays en développement. Pourtant dans le contexte de la transition sanitaire et de la transition démographique, la santé mentale s’affirme comme un enjeu de santé publique (« no health without mental health ») et de développement de premier plan.
Le Sénégal contrairement à d’autres pays LMI ne dispose pas de grandes enquêtes sociodémographiques et épidémiologiques permettant de mesurer et de décrire la santé mentale de sa population. Les seules données disponibles sont les données de routine produites par les structures psychiatriques et partiellement compilées dans le rapport annuel de la Division Santé mentale du MSAS. Le système d’informations sanitaires DHIS-2 n’est pas encore opérationnel dans l’ensemble des structures psychiatriques du pays faute de moyens, alors qu’il est en place au niveau des districts sanitaires, ce qui rend impossible toute production journalière et actualisée de ces données de routine. Cette invisibilité statistique se retrouve également dans le système d’information en temps réel du COUS (centre des opérations d’urgence sanitaire) et des rapports d’évaluation des prestations de santé. De surcroît jusqu’alors les différents services psychiatriques et centres de santé mentale n’utilisaient pas la même classification nosologique (CIM-10, DSM-4, Inserm) ce qui compliquait l’établissement d’un tableau nosologique uniformisé à l’échelle nationale.
Dans ce contexte d’invisibilité, une équipe de chercheurs de la Division Santé Mentale (MSAS), de l’ANSD et du CEPED, s’est donné pour objectif de contribuer au renforcement de la connaissance statistique de la santé mentale au Sénégal. Lors de la première phase (2018-2021) un module expérimental de 8 questions a été introduit dans les questionnaires ménage de l’EDS-continue 2019. Lors de la prochaine EDS-2022, ce module sera maintenu dans le questionnaire ménage, et des questions supplémentaires visant à mesurer l’état de santé psychique des populations seront été introduites dans les questionnaires individuels hommes et femmes. Grâce à ces questions dans les Enquêtes démographiques et de santé, le Sénégal va pouvoir disposer d’indicateurs à l’échelle nationale sur les parcours thérapeutiques, la prise en charge et la santé mentale des individus. Ces indicateurs, en dépit de leurs limites, permettront de proposer des orientations en termes de santé publique alors qu’une stratégie de décentralisation de l’offre de santé mentale a été initiée, de contribuer à l’élaboration de la politique de santé mentale et d’entamer un plaidoyer reposant sur des indicateurs auprès des partenaires en développement. L’EDS-2022 permettra d’établir des profils sociodémographiques de populations à risque, d’identifier certains déterminants de la santé mentale des hommes et des femmes et de mettre en lumière des régions/contextes caractérisées par une plus grande vulnérabilité. Selon l’EDS-C 2019, 5,6% des chefs de ménage interrogés déclarent compter au moins une personne malade mentale dans leur ménage. Compte tenu des biais liées aux conditions de déclaration et au contexte de stigmatisation, cette proportion est sans doute plus élevée en réalité. Rappelons que la prévalence du vih, est de 0.5 % en population générale au Sénégal.

Mots-Clés

EDS (Enquête de Démographie et Santé), santé mentale, statistique, maladie non transmissible, psychiatrie

Zone géographique

Sénégal

Calendrier

  • Début du projet : 2018
  • Fin du projet : 2023

Contact

Courriel : veronique.petit chez ceped.org ou veronique.petit chez u-paris.fr
Téléphone : 01 76 53 34 52

Résultats et valorisation

Publications en lien avec le projet de recherche

Article évaluation en cours PlosOne
Communication PETIT Véronique et Jean Augustin TINE, « Au-delà de l’Ecole de Fann : grandeurs et misères du système psychiatrique sénégalais » colloque PAMMAL (Parcours des personnes souffrant de maladies mentales en Afrique de l’Ouest : fabrique des politiques publiques, pratiques de soins et processus de réinsertion socio-professionnelles), Cotonou 12-15 décembre 2022

Thèmes