Blog “Sciences avec et pour la Société”

Proche-orient : motion du Ceped contre les massacres et pour la liberté d’expression

Proche-orient : motion du Ceped contre les massacres et pour la liberté d'expression

Nous, membres du Ceped, centre de recherche de la communauté scientifique et universitaire française et européenne, spécialisé sur les questions de développement international, partenaire de dizaines de centres scientifiques en Afrique, en Amérique latine et en Asie, nous nous inquiétons profondément des effets délétères de la politique française actuelle à propos du Proche-Orient.
Nous exprimons notre soutien à toutes les initiatives manifestant leur solidarité à l’égard des populations subissant actuellement des massacres à Gaza et dans les territoires palestiniens. Rien ne peut justifier ces massacres ; leur contestation ne mérite ni la réprobation ni la criminalisation que nous observons actuellement. Nous sommes au contact direct de celles et ceux, étudiantes ou collègues, qui ont eu à subir des répressions policières pour leur engagement. Nous pouvons affirmer qu’en aucun cas il ne s’agit d’éléments radicaux et violents. Nous notons une désinformation à ce sujet et nous sommes profondément inquiets de ces dérives dans la répression. Nous exigeons que cesse la répression et la criminalisation des manifestations en faveur de la Palestine.
Mais au-delà, nous constatons avec nos partenaires dans le monde entier, le préjudice que fait peser sur la coopération française et européenne, le soutien mal inspiré à l’entreprise guerrière israélienne, la dénonciation tardive, la timidité des reproches, ainsi que la volonté d’étouffer toute dynamique de solidarité avec la Palestine. Ces hésitations font peser l’opprobre sur nos démocraties qui ne dénoncent pas une action militaire aussi clairement contraire à nos propres principes. Nombreuses sont les populations, celles-là mêmes avec lesquelles nous coopérons au Sud, qui ne comprennent pas le double langage mêlant, d’un côté, le développement humain et durable et, de l’autre, un laissez-faire de destruction massive. Il convient à nos gouvernements démocratiques de respecter les principes que nous affichons.
Enfin, nous interpellons nos propres tutelles universitaires et de recherche. Nous sommes invités à répétition à nous impliquer dans des enjeux sociétaux (économie, santé, développement, durabilité) et nous endossons avec responsabilité ces missions qui ne se limitent pas aux aspects techniques ou abstraits et comportent des dimensions éthiques et concrètes. Il appartient à nos dirigeants de défendre ces dimensions de notre travail ainsi que la liberté académique et plus largement la liberté d’expression. Dans cet esprit, nous appelons à un engagement fort pour une résolution pacifique du conflit au Proche-Orient qui respecte les vies des populations civiles.