Thèse de Ethnologie préparée par Fernando GARLIN POLITIS sous la direction de Laëtitia ATLANI-DUAULT à l’Université Paris Descartes (Paris V).
Cette thèse s’inscrit dans le cadre du projet de recherche « Santé, vulnérabilités et relations de genre au Sud »
Résumé du projet de thèse
Cette thèse explore l’approche humanitaire entre le Venezuela et la Colombie, en se basant sur les migrations entre les deux pays au cours des vingt dernières années, mettant particulièrement l’accent sur le cas de la migration vénézuélienne depuis 2016. Au Venezuela, l’aide humanitaire a émergé très tôt lors de la « révolution bolivarienne » d’Hugo Chávez, en 1999, initialement en tant que réponse gouvernementale à une catastrophe naturelle, selon un modèle de gestion axé sur les militaires. Ce modèle s’est progressivement étendu pour devenir le socle d’aide des programmes gouvernementaux visant les populations les plus vulnérables, incluant deux programmes de régularisation massive des migrants colombiens. Cependant, l’exercice autoritaire et la politisation de l’aide par le gouvernement remettent en question l’efficacité et l’usage de ses programmes sociaux et d’assistance. En Colombie, l’aide humanitaire devient la principale référence pour élaborer des programmes d’attention, de gestion et de régularisation de la population migrante vénézuélienne, mais elle est néanmoins perçue comme une pratique nocive d’assistanat, insuffisante et donc potentiellement préjudiciable si elle perdure dans le temps. Malgré des pensées politiques différentes, voire opposées et parfois en conflit, le déploiement de l’aide humanitaire internationale parvient à s’adapter et à s’intégrer dans une structure de gouvernance commune dans chaque pays. Entre les deux nations, une population migrante, qu’il s’agisse de Colombiens ou de Vénézuéliens, appelée « caminantes » (marcheurs), chemine entre les politiques humanitaires, d’aide et de régularisation qui leur sont proposées. La gestion des populations migrantes, des espaces humanitaires et des programmes d’aide s’organise ainsi sous une même structure que nous présentons à travers trois entrées : une « noblesse » humanitaire, représentée par l’articulation des États et des organisations humanitaires internationales ; un « tiers-état » constitué d’organisations locales, englobant à la majorité des acteurs locaux impliqués dans les interventions humanitaires sur le terrain ; et un groupe de « bandits » créant des économies basées sur la marchandisation de la protection et de l’aide aux migrants. Les interactions entre ces groupes révèlent un schéma récurrent de retrait et de réticence, entravant ainsi la capacité à élaborer des réponses efficaces aux crises régionales. Une approche ethnographique offre ainsi une compréhension des silences et des évitements observés dans les pratiques et politiques humanitaires entre la Colombie et le Venezuela.
Mots-clés
Humanitaire, Venezuela, Colombie, Migration, Aide, Réfugiés, Gouvernance, Ethnographie, Crise
Zone géographique
Zone 1 (Venezuela : Caracas, Táchira, Maracaibo), zone 2 (Colombia : La Guaijira, Cúcuta, Bogotá)
Calendrier
- Octobre 2019
- Octobre 2022
Thèmes
- Axe 1 Santé mondiale : crises, politiques, interventions
- Colombie
- Venezuela
- Aide humanitaire
- Aide sociale
- Conflit
- Crise
- Développement local
- Dynamiques familiales
- Économie du développement
- Gouvernance
- Identités
- Immigration
- Inégalités
- Migration clandestine
- Migration forcée
- Migration internationale
- Pauvreté
- Politiques publiques
- Protection sociale
- Réfugiés
- Représentations
- Santé publique
- Sécurité et développement
- Systèmes de santé
- Territoires
- Amérique latine