2018

Genre, conjugalité et conditions de vie autour de deux ruptures biographiques : migration et diagnostic d’infection au VIH chez les immigrées d’Afrique subsaharienne vivant en Île-de-France

Mireille LE GUEN

Thèse de santé publique soutenue le 23 novembre 2018 par Mireille LE GUEN sous la direction de Annabel DESGREES DU LOU et Élise MARSICANO (Université de Strasbourg) à l’université Paris Sud.

Cette thèse s’est inscrite dans le cadre du projet de recherche Parcours.

Résumé du projet de thèse

Les migrants d’Afrique subsaharienne vivant en France sont particulièrement touchés par le VIH/sida puisqu’ils représentaient 33 % des découvertes de séropositivité au VIH/sida en 2009. Il s’avère que 25 % des personnes originaires d’Afrique subsaharienne et ayant découvert leur séropositivité pour le VIH en France ont vraisemblablement été infectées dans l’hexagone car elles portaient le sous-type B du virus, majoritaire en Europe et peu présent en Afrique. Or, les migrants d’Afrique subsaharienne évoluent dans des réseaux sexuels ségrégués où la prévalence du VIH/sida est plus élevée et leurs pratiques préventives ne sont pas systématiques. Il importe de mieux comprendre la façon dont se structurent les réseaux sexuels des migrants d’Afrique subsaharienne, ainsi que leurs trajectoires sexuelles et les éventuelles ruptures que peuvent provoquer la migration et le diagnostic d’infection au VIH/sida. Il est également nécessaire de mieux appréhender les rapports de pouvoir qui se jouent entre les partenaires et comment les migrants mobilisent leurs capacités à négocier l’utilisation du préservatif.

Ce projet de recherche à pour objectif de comprendre de quelle manière les conditions de vie dans lesquelles évoluent les migrants d’Afrique subsaharienne structurent leurs réseaux sexuels tout au long de leurs trajectoires de vie, et comment la migration et/ou le diagnostic d’infection au VIH/sida peuvent participer à la structuration des réseaux sexuels de ces personnes. Cette recherche a également pour objectif d’étudier dans quelle mesure les conditions de vie des migrants d’Afrique subsaharienne peuvent modifier leurs capacités de négociation leur permettant d’avoir une sexualité non contrainte d’adopter des pratiques préventives. Il se pourrait que ce soit moins le fait d’être migrant qui expose davantage ce groupe de la population au risque d’infection par le VIH/sida que les conditions de vie, souvent défavorables, dans lesquelles il évolue.

Cette recherche s’inscrit dans le projet ANRS PARCOURS « Parcours de vie et hépatite B chez les migrants subsahariens vivant en Ile-de-France » dont le but de d’analyser l’impact des conditions de vie de cette population sur leur trajectoires relationnelles et sexuelles d’une part, et sur la prévention du VIH/sida d’autre part.
L’enquête Parcours est une enquête quantitative dont l’objectif est d’étudier la place de la maladie et de sa prise en charge dans les parcours des personnes originaires d’Afrique Subsaharienne. Les données ont été recueillies entre février 2012 et mai 2013. Cette enquête a interrogé 920 personnes vivant avec le VIH et 750 personnes recrutées dans des services de médecine générale non infectées VIH/sida. Les données ont été recueillies grâce à un questionnaire biographique permettant de retracer les trajectoires administratives, résidentielles, professionnelles, relationnelles et conjugales des migrants. L’analyse quantitative de ces données permettra de mieux cerner le rôle des conditions de vie sur la formation des réseaux sexuels et les capacités de négociation des individus. Nous étudierons plus particulièrement les situations d’inadéquation entre ressources sociales et conditions de vie des migrants que peut créer la migration.

La recherche ici proposée devrait permettre comprendre comment les conditions de vie modèlent les trajectoires de vie et modifient les rapports de pouvoir entre les individus.

Mots-Clés

VIH/sida, sexualité, migrants d’Afrique subsaharienne, réseaux sexuels, prévention.

Zone géographique

France, Île-de-France