Thèse de Démographie soutenue par Dramane BOLY sous la direction de Marc PILON à l’université Paris Descartes le 13 juin 2017.
Résumé du projet de thèse
Cette recherche se veut une contribution pour une meilleure connaissance des inégalités scolaires à Ouagadougou. La problématique de la scolarisation des enfants dans les zones urbaines, surtout celles défavorisées, se pose encore et mérite d’être mieux documentée. Certes, il est reconnu unanimement que les stratégies scolaires des ménages sont influencées par l’offre et la demande sociale d’éducation (structures et dynamiques sociales, institutions, politiques, acteurs également) mais la priorité sur laquelle il faut mettre l’accent pour réduire les inégalités de scolarisation dans les villes africaines est en débat.
Au Burkina Faso, les grands programmes et projets dans le domaine de l’éducation (Plan Décennal de Développement de l’Education de Base et Projet enseignement post-primaire) se sont orientés beaucoup plus dans le milieu rural, investissant moins dans les grands centres urbains (notamment dans la capitale Ouagadougou), considérés comme privilégiés en matière de scolarisation. Il y a eu donc très peu de construction de nouvelles infrastructures scolaires publiques à Ouagadougou, avec pour conséquence une forte augmentation de l’offre scolaire privée. Selon les statistiques scolaires, en 2012, 68 % et 87,2% respectivement des établissements primaires et secondaires de la ville de Ouagadougou étaient privées contre 32 % (pour le primaire) et 81% (pour le secondaire) en 2000.
La ville de Ouagadougou enregistre également la plus forte croissance démographique du pays (taux d’accroissement intercensitaire entre 1996 et 2006 de 7,6%). Une croissance liée à un poids important de migrants, avec pour conséquence un besoin croissant en infrastructures de base (éducation et santé) et l’apparition de nouveaux espaces défavorisés appelés encore « zones non loties ». Les « zones non loties » sont des espaces spontanés et non viabilisés qui se développent dans la périphérie de la ville sous l’impulsion des nouveaux migrants et des citadins plutôt pauvres à la recherche de terrains fonciers abordables.
Dans le domaine de l’éducation en général, les inégalités se renforcent d’une part entre les catégories sociales (notamment entre les plus pauvres et les plus nantis, etc.) et d’autre part entre les zones « loties » et les zones « non loties ». Ces inégalités tendent à s’estomper dans l’enseignement primaire, mais elles demeurent plus marquées dans l’enseignement secondaire. Ces constats se confirment aussi à Ouagadougou, au vu des quelques travaux de recherche réalisés sur les disparités intra-urbaines dans la ville de Ouagadougou.
Quels sont les facteurs des disparités intra-urbaines dans la ville de Ouagadougou ? Quels sont les effets individuels (liés à l’enfant et à la famille) et les effets de voisinage ?
Les enfants des quartiers périphériques (les non lotis) et les enfants des quartiers centraux (les lotis) ont-ils la même chance face à l’école (en termes d’accès et de parcours scolaires) ?
Pour répondre aux interrogations posées, cette recherche aura recours essentiellement à des données quantitatives : les recensements de la population, les données de l’observatoire de la population de Ouagadougou et les statistiques scolaires. Les méthodes d’analyse à utiliser sont l’analyse multi niveau, l’analyse biographique et l’analyse spatiale.
Mots-Clés
Inégalités scolaires, Urbanisation.
Zone géographique
Burkina Faso, Ouagadougou.