Thèse de Sociologie préparée par GAYE Rokhaya Rita
Soutenue le 17 juin 2024 à 14h à l’Université Paris Cité, Campus Saint-Germain des Prés, salle des Thèses
Directrice de thèse : LANGE Marie-France
Co-encadrant : DIA Hamidou
Axe de recherche au Ceped : Axe 3 - Éducation et Savoirs au Sud
Résumé
Si la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE) est, à ce jour, le traité international le plus largement ratifié, cela atteste de l’intérêt porté à l’enfance. Aujourd’hui, les États se sont engagés à protéger les enfants, notamment, par le biais du placement institutionnel lorsque les familles ont failli à protéger leur enfant et en cas de danger. La prise en compte de la parole de l’enfant, l’un des quatre principes fondamentaux de la CIDE, s’est progressivement instituée au sein du paradigme de la protection de l’enfance. Les recherches menées auprès des enfants placés mettent en exergue la faible prise en compte des opinions de l’enfant. Cette thèse vise à restituer la parole des enfants placés afin de comprendre les motifs à l’origine de leur placement, leurs perceptions du placement, et de rendre compte des ressources mobilisées et des difficultés rencontrées tout au long de leur parcours. L’intérêt in fine est d’appréhender leurs expériences d’enfant, d’enfant placé et de jeune sorti du dispositif de protection de l’enfance. Les récits des jeunes permettent de porter une attention particulière aux relations nouées, à leur scolarité et à leur insertion socioprofessionnelle. Notre recherche s’appuie sur la littérature scientifique ainsi que des enquêtes qualitatives menées entre 2021 et 2024 dans les régions de Dakar et de Thiès au Sénégal. Afin de décrire l’organisation et le fonctionnement du système de protection de l’enfance, 27 entretiens ont été réalisés avec des professionnels du secteur. Pour comprendre les parcours des jeunes placés, 29 entretiens ont été réalisés auprès de 16 mineurs placés et 13 anciens placés. Les résultats montrent que les enfants placés proviennent majoritairement de milieux défavorisés, de familles recomposées et disloquées, et ont été soumis à des pratiques de confiage. Les jeunes ont évoqué la violence et la maltraitance infligées au sein du milieu familial, des écoles et des écoles coraniques (daaras). D’une manière générale, les jeunes dépeignent une image positive du placement. Ils sont reconnaissants d’avoir pu bénéficier d’une prise en charge au sein du dispositif de la protection de l’enfance, en dépit de certaines difficultés rencontrées durant le placement. Concernant leurs parcours scolaires, la réussite scolaire est plus favorable chez les enfants placés précocement. Le placement favorise la réussite scolaire grâce au suivi et à l’accompagnement proposés aux jeunes. Les jeunes placés plus tardivement sont généralement orientés vers des filières techniques et professionnelles compte tenu du retard cumulé. Ces jeunes s’insèrent plus difficilement. Malgré l’effritement des solidarités traditionnelles, force est de constater que certains enfants sont protégés à leur sortie du placement par l’entraide et l’altruisme au sein de leur famille et de leur entourage.
Mots clés
enfants placés, anciens enfants placés, placement institutionnel, protection de l’enfance, droits de l’enfant, famille, violence, éducation, parcours scolaires, insertion socioprofessionnelle.
Zone géographique
Sénégal, Dakar.
Calendrier
- Début de la thèse : 2020
- Date prévue de soutenance : 17 juin 2024