Thèse d’anthropologie politique préparée par LEFORT-RIEU Claire sous la direction de ATLANI-DUAULT Laetitia
Résumé
Depuis près d’une décennie, la multiplication des déplacements forcés de populations au Cameroun s’est accompagnée d’une hausse inédite des interventions d’aide internationale portées par des agences onusiennes, ONG et organisations internationales. Ces phénomènes – liés à l’afflux de populations centrafricaines dans les régions orientales, de personnes réfugiées du Nigéria et déplacées internes dans le septentrion, ou fuyant le conflit anglophone – viennent contredire la rhétorique politique de stabilité sur laquelle le régime de Paul Biya, au pouvoir depuis quatre décennies, s’est construit.
Au croisement des études sur les migrations forcées, de l’anthropologie critique de l’aide internationale et de la socio-anthropologie de l’action publique en contextes africains, cette thèse étudie les effets constitutifs des discours et pratiques de gouvernement des migrations forcées en termes de relations de pouvoir et de production de subjectivités. Elle s’intéresse également aux dynamiques et enjeux liés à leur gouvernance, c’est-à-dire aux rapports quotidiens entre interventions d’assistance et personnes usagères des services collectifs et publics que ces dernières contribuent à produire.
A partir de deux ans de double ethnographie menée auprès des structures d’assistance et des populations visées par leurs interventions, cette recherche adopte une approche multi-scalaire et multi-située afin d’analyser les négociations, collaborations et concurrences entre divers acteurs et actrices aux niveaux local, régional, national et international. Il s’agit de mettre en lumière la coproduction dynamique des normes, des pratiques et des discours de gouvernement et de gouvernance des migrations forcées. Une analyse fine des interactions entre les échelles fait apparaître leur caractère mouvant et sans cesse recomposé à la faveur des écarts, négociations et stratégies qui peuvent être suscitées. On considère ainsi que les processus visant à gouverner les migrations forcées résultent de convergences et de confrontations dans lesquelles les normes, pratiques et discours se définissent en relation à la fois avec des stratégies et des programmes déployés à l’international, des politiques et des priorités établies à l’échelle nationale, des représentations et des pratiques à l’œuvre localement.
L’entrée par les migrations forcées permet d’interroger les interactions entre acteurs et actrices étatiques et non étatiques, (inter)nationales et locales dans les configurations de l’action publique au Cameroun et, plus largement, en contextes africains. Elle apporte également des éclairages sur l’appréhension des crises en sciences sociales et sur les reconfigurations récentes de l’aide internationale.
Mots-Clés
Cameroun, aide internationale, migrations forcées, personnes réfugiées, coproduction, action publique
Zone géographique
Cameroun
Calendrier
- Début de la thèse : 01/09/2020
- Date prévue de soutenance : 17 septembre 2024
Thèmes
- Axe 2 - Migration, Pouvoir, Développement
- Cameroun
- Aide humanitaire
- Aide sociale
- Conflit
- Crise
- Développement local
- Économie du développement
- Gouvernance
- Migration forcée
- Migration internationale
- Mondialisation / Internationalisation
- Politiques publiques
- Réfugiés
- Sécurité et développement
- Afrique sub-saharienne