Thèse de Sociologie préparée par FERRINI Luca sous la direction de PÉROUSE DE MONTCLOS Marc-Antoine à l’Université Paris Cité
Ecole doctorale : ED 624
Axe de recherche : Axe 2 Migrations, Pouvoir, Actions collectives
Thèse soutenue le 17 octobre 2025 à l’UPC devant un jury composé de
- Philippe BOULANGER, Professeur des Universités, Sorbonne Université - Rapporteur
- Nadine MACHIKOU, Professeure des Universités, Université de Yaoundé II - Rapporteure
- Federica BICCHI, Associate Professor, London School of Economics and Political Science - Examinatrice
- Sébastien BOULAY, Maître de Conférences, Université Paris Cité – Examinateur
- Grégory DAHO, Maître de Conférences, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne –Examinateur
- PÉROUSE DE MONTCLOS Marc-Antoine, Directeur de la thèse
Résumé du projet de thèse
La situation géopolitique mondiale actuelle pousse l’Union européenne (UE) et ses États membres à repenser leur rôle dans les conflits, en particulier dans leur voisinage. L’engagement au Sahel est en ce sens le cas le plus récent d’intervention militaire européenne et représente une occasion unique pour réfléchir au potentiel de la politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC). Entre 2013 et 2022, quelque 50 000 soldats de 14 États membres de l’UE se sont relayés au Mali et au Niger, ce qui constitue de loin l’engagement militaire européen le plus important après le déployement en Afghanistan.
Pourquoi l’Europe s’engage-t-elle militairement en dehors de ses frontières ? Dans quelles conditions un consensus s’établit-il autour du recours à l’armée pour intervenir en dehors de l’Europe ? Alors que le narratif politique s’est concentré sur la stabilisation et la lutte contre le terrorisme djihadiste, il est largement reconnu qu’aucun de ces objectifs n’a été atteint, ni que les groupes non étatiques combattus aient eu des liens avec des réseaux terroristes mondiaux susceptibles de menacer l’Europe. Comment en est-on arrivé à un consensus aussi large autour d’une présence militaire au Sahel ? Qu’est-ce que cela nous enseigne sur l’utilisation potentielle d’instruments militaires de l’Europe dans d’autres contextes ?
Cette recherche s’inscrit dans la sociologie des relations internationales, appliquant un cadre théorique constructiviste qui met l’accent sur le rôle des idées, des valeurs, des croyances et 3 des institutions dans la construction du narratif. L’analyse se concentre sur les trois États membres de l’UE qui, à l’exception de la France qui est étudiée en détail dans la littérature existante, ont été les plus engagés au Mali et au Niger : l’Allemagne, la République tchèque et l’Italie.
La méthodologie se décline en trois phases. La première étape donne une lecture du narratif justifiant l’intervention militaire à travers l’analyse d’un ensemble de données constitué de 10000 tweets. Dans la deuxième phase, le processus de prise de décision pour l’envoi de troupes
allemandes, tchèques et italiennes au Mali et au Niger est analysé à l’aide de données provenant de 120 débats parlementaires, de communiqués et de conférences de presse. Dans la troisième phase, 50 entretiens semi-structurés permettent d’analyser les résultats perçus de la présence militaire, ainsi que l’incohérence entre le discours officiel d’intervention et d’autres logiques d’intervention.
La déconstruction du narratif sur l’intervention indique un rôle clé des croyances et des
normes, des peurs, des interactions de réseau et des institutions. En ce qui concerne les croyances et les normes, l’analyse souligne les sphères limitées du possible que l’Europe s’est permis en encadrant le risque et en concevant sa réponse politique. En termes de peurs, la réponse viscérale contre le terrorisme et l’immigration a empêché l’adoption d’une approche sensible aux conflits. En termes de réseaux, la diplomatie transactionnelle entre les États membres de l’UE a contribué à renforcer la distorsion de la réponse politique. En termes d’institutions, le fait que l’UE soit une jeune institution désireuse de construire son identité en tant que garant d’un ordre international a contribué à cimenter la réponse militaire.
Mots clés
Sahel, terrorisme, politique de sécurité et de défense commune de l’UE, narratif politique, intervention militaire, constructivisme, Mali, Niger, Union européenne, Allemagne, République tchèque, Italie
Zone géographique
Niger, Sahel, Europe
Calendrier
- Début de la thèse : Octobre 2022
- Date prévue de soutenance : Juillet 2025
Publications en lien avec la thèse
Thèmes
- Axe 2 Migrations, Pouvoir, Actions collectives
- Mali
- Niger
- Conflit
- Migration internationale
- Sécurité et développement
- Afrique sub-saharienne
- Europe