Projets achevés

La globalisation de la culture et la transformation de la réception : le cas de l’Hallyu

Responsable scientifique

CICCHELLI Vincenzo

Partenariats dans le pays de recherche

Partenariat avec convention

Deps (MC), France
Le Département des études de la prospective et des statistiques (DEPS) est le service d’études et de recherche et le service statistique ministériel du ministère de la Culture.

Membre extérieur au Ceped participant au projet

Sylvie Octobre, Deps (MC), France

Financement

Deps (MC), France

Résumé

La Hallyu (한류 en hangeul, 韓流 en hanja, terme chinois désignant le déferlement de produits coréens, souvent traduit en anglais par Korean wave, ou vague coréenne), devenu un phénomène global (son succès est attesté non seulement en Chine, au Japon et dans nombre de pays de l’Asie du sud-est, mais également en Amérique du Nord, en Amérique au Moyen Orient et en Europe) fait figure d’exception dans l’histoire de la culture populaire - et pas seulement dans celle de la musique populaire où la K-pop rivalise avec le R&B américain. Depuis le milieu des années 1990, le drame coréen (K-drama) a pris pied en Chine et au Vietnam. A partir de 2002, année où la Corée a organisé la Coupe du Monde avec le Japon, ils ont été exportés au Japon, en Asie du Sud, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord et du Sud. Des concerts de K-pop ont lieu les dernières années à New York, Paris, Londres, Vancouver, Sydney, Berlin, Mexico, Buenos aires et des flashmobs K-pop ont eu lieu à Singapour, Lima, Sao Paulo, Toronto, Jakarta, Dublin, Bergen, Moscou et Rome... Par ailleurs, si la distinction nette entre zones de consommation et zones de production a pu soutenir des analyses en termes d’impérialisme culturel durant les années 1970 et 1980 (les pays du Sud étant les consommateurs des productions des pays du Nord), cette analyse ne vaut plus dans le contexte actuel puisque les flux culturels entre le Nord et le Sud ont considérablement changé et que la Corée du sud fait preuve de grandes capacités d’usage de la diplomatie culturelle.
Ce nouveau contexte requiert que l’on repense les échanges culturels non seulement dans leur dimension géo-politique mais aussi que l’on se penche attentivement sur les sens que les individus confèrent à des consommations venant d’une culture sensiblement différente, empreinte de valeurs spécifiques (et notamment de confucianisme) dont ils connaissent (encore) à peine, l’histoire politique, les codes culturels et esthétiques.
Comment la culture pop d’une nation pendant longtemps marginale sur la scène internationale est-elle devenue un phénomène global – car il ne reste qu’apparemment l’Afrique en dehors de son emprise ? Quels changements cognitifs et culturels le K pop fandom provoque-t-il ? Quels sont les changements dans l’agency culturelle qu’elle met en évidence ?
Ces questions se posent de manière originale dans le contexte Français, ancienne puissance culturelle, ancienne puissance coloniale et sans lien avec la Corée (historique, diasporas). L’engouement pour la Hallyu prolonge la passion des jeunes pour les mangas japonais, qui a fait de la France depuis les années 1990 le premier marché pour ce produit hors du Japon, de même qu’un terrain de prédilection pour les anime. Mais avec l’hallyu, le goût pour les produits asiatiques investi également le secteur de la musique et des séries télé, secteurs privilégiés des investissements juvéniles en matière culturelle. Ce phénomène est d’autant plus significatif que les communautés coréenne et japonaise sont très réduites (0.02% et 0.04% de la population résidant en France d’après les ambassades respectives), que l’enseignement de leurs langues y est fort rare et que le niveau de connaissance de la Corée par les Français est traditionnellement faible, du fait de la rareté des liens historiques entre les deux pays, comparativement à d’autres aires géographiques.
Cette recherche procèdera par entretiens approfondis avec des amateurs de la Hallyu (séries, films, manhwa et musique) : au total environ 60 entretiens approfondis (2 heures en moyenne) auprès de jeunes âgés de 18-31 ans

Mots-Clés

Hallyu, réception, empowerment, cosmopolitisme, jeunes fans.

Zone géographique

Île de France

Calendrier

2019 - 2021

Contact

Courriel : vincenzo.cicchelli chez ceped.org

Publications

2022


  • Cicchelli Vincenzo et Octobre Sylvie (2022) K-pop, soft power et culture globale, Paris cedex 14 : Presses universitaires de France. (Hors collection). ISBN : 978-2-13-083050-4.
    Résumé : De la musique de BTS à la série Squid Game, une vague de produits culturels sud-coréens déferlent sur le monde et surprend par l'engouement qu'elle suscite. K-pop, K-drama, K-films, mais aussi bandes dessinées (manwhas), c'est ce que l'on désigne comme la Hallyu (mot chinois passé dans la langue courante pour indiquer la vague sud-coréenne de produits culturels). Cet ouvrage expose à quel point cette nouvelle vague culturelle est le fruit d'un écosystème politique et économique spécifique. Faisant suite à la domination anglo-saxonne et japonaise dans la pop culture des générations précédentes, elle constitue une forme de globalisation alternative.   Se penchant sur le cas de la réception française (particulièrement intéressant à analyser car il ne peut être imputé à des proximités culturelles préexistantes, la diaspora sud-coréenne étant quasi inexistante en France et les liens historiques entre les deux pays ténus), l'ouvrage met en évidence une caractéristique des jeunes générations : une ouverture à l'altérité culturelle, où l'esthétique règne en maître, et dont les effets façonnent l'image de ce qu'est une modernité positive, une société désirable, une identité valorisée

2021



  • Cicchelli Vincenzo et Octobre Sylvie (2021) The Sociology of Hallyu Pop Culture: Surfing the Korean Wave, London : Palgrave MacMillan, XXVIII, 356 p. ISBN : 978-3-030-84295-6. https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-030-84296-3.
    Résumé : Combining global, media, and cultural studies, this book analyzes the success of Hallyu, or the "Korean Wave” in the West, both at a macro and micro level, as an alternative pop culture globalization. This research investigates the capitalist ecosystem (formed by producers, institutions and the state), the soft power of Hallyu, and the reception among young people, using France as a case study, and placing it within the broader framework of the 'consumption of difference.' Seen by French fans as a challenge to Western pop culture, Hallyu constitutes a material of choice for understanding the cosmopolitan apprenticeships linked to the consumption of cultural goods, and the use of these resources to build youth’s biographical trajectories. The book will be relevant to researchers, as well as undergraduate and postgraduate students in sociology, cultural studies, global studies, consumption and youth studies.

2019



  • Cicchelli Vincenzo et Octobre Sylvie (2019) « La Hallyu ou comment apprendre des petites choses : une éducation au cosmopolitisme par le bas », Éducation et sociétés, 44 (2) (juin 11), p. 131-148. DOI : 10.3917/es.044.0131. http://www.cairn.info/revue-education-et-societes-2019-2-page-131.htm?ref=doi.
    Résumé : Cet article interroge la passion des jeunes franciliens pour la Hallyu, mot qui désigne l’ensemble des produits culturels coréens, et s’inscrit dans une analyse de la contribution de la “consommation de la différence” (Schroeder 2015) à la formation de soi à travers la nouvelle figure de “l’amateur cosmopolite” (Cicchelli & Octobre 2017). Il étudie l’émergence de nouveaux modes d’apprentissages par ces amateurs, apprentissages qui échappent aux éducations formelles et relèvent le plus souvent d’une auto-éducation. Après avoir fourni des explications du succès global de la Hallyu, l’article se penche –à l’aide de vingt entretiens auprès de jeunes âgés de 18 à 29 ans– sur les compétences cosmopolites de ces derniers, mobilisées dans –et acquises par– la consommation de ces produits. Il questionne ensuite l’éventuelle transférabilité de ces compétences dans d’autres champs, scolaires ou professionnels, leur usage dans la construction d’une trajectoire biographique avant d’examiner le rôle des institutions scolaires en la matière. La Hallyu or how to learn small things: an education in cosmopolitism from the bottom This article questions the passion of the young inhabitants of the Parisian region for La Hallyu, a word which describes all Korean cultural products, and is part of an analysis of the contribution of the “consuming difference” (Schroeder 2015) to self-education via the new figure of the “Cosmopolitan Amateur” (Cicchelli & Octobre 2017). It studies the emergence of new learning methods for these amateurs, learnings which escape from formal education and most often come from self-education. After providing explanations for the global success of la Hallyu, the article leans upon – thanks to twenty interviews with youths aged between 18 and 29 years old – on the cosmopolitan skills of the latter, mobilised in – and acquired by – the consumption of these products. It then questions the possible transferability of these skills into other academic or professional fields, their use in the construction of a biographical trajectory before examining the role of academic institutions.
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