Projets achevés

PrEP-CI ANRS 12361 Étude de faisabilité en vue d’un essai clinique sur une prophylaxie préexposition (PrEP) orale à la demande chez des femmes exposées au VIH en Côte d’Ivoire

Responsables scientifiques

Partenariat

Membres du CEPED participant au projet

Financement

  • Bill & Melinda Gates Foundation
  • ANRS

Résumé

Depuis septembre 2015, l’OMS recommande la prophylaxie pre-exposition (PrEP) aux « individus exposés à un risque substantiel de contracter le VIH », en l’incluant dans les « approches combinées de prévention du VIH » (recommandation forte, données probantes de haute qualité).

Malgré des données probantes de haute qualité émanant des essais PrEP récents, l’étude de la meilleure manière de délivrer la PrEP dans la « vraie vie » parmi différentes populations dans des contextes différents demeure cruciale. La PrEP peut être utilisée de manière quotidienne (« continue ») ou occasionnelle (« à la demande »). L’essai ANRS Ipergay a démontré que la PrEP à la demande (deux cachets d’une combinaison d’Emtricitabine (FTC) et de Tenofovir (TDF) deux heures avant un rapport sexuel à risque, puis un cachet le lendemain et le surlendemain) était hautement efficace parmi les homosexuels masculins européens et canadiens. Cependant, la PrEP à la demande n’a pas encore été étudiée chez les femmes à risque substantiel de contracter le VIH, alors que cette approche pourrait améliorer l’observance. La production de données concernant l’efficacité de la PrEP à la demande chez les femmes à risque est nécessaire et urgente, car ces femmes sont vraisemblablement l’une des cibles les plus importantes de la PrEP en Afrique subsaharienne.

Parmi les lacunes de la recherche pointées par l’OMS dans ses directives de 2015 figure le besoin en recherches opérationnelles menées dans différents contextes. Dans ce projet nous proposons d’étudier certaines de ces lacunes et d’examiner la problématique de la PrEP “à la demande” parmi les femmes professionnelles du sexe (PS) qui sont à risque en Côte d’Ivoire, pays dans lequel prévalence et incidence du VIH sont relativement contenues en population générale et beaucoup plus élevées parmi les populations clés.

Mots-Clés

Travailleuse du sexe, PrEP, prévention, santé sexuelle, VIH.

Zone géographique

Côte d’Ivoire

Calendrier

  • 2016-2017

Note de politique

Publications

2022

  • Bitty-Anderson Alexandra, Guié Annick, Kanga Eulalie, Nouaman Marcellin et Larmarange Joseph (2022) La PrEP seule ne suffit pas : elle doit être accompagnée d’une offre de soins globale, Note de politique PAC-CI (2), Abidjan : PAC-CI, 2 p.


  • Nouaman Marcellin N., Becquet Valentine, Plazy Mélanie, Coffie Patrick A., Zébago Clémence, Montoyo Alice, Anoma Camille, Eholié Serge, Dabis François, Larmarange Joseph et for the ANRS 12361 PrEP-CI Study Group (2022) « Incidence of HIV infection and associated factors among female sex workers in Côte d’Ivoire, results of the ANRS 12361 PrEP-CI study using recent infection assays », PLOS ONE, 17 (11) (novembre 17), p. e0271988. DOI : 10.1371/journal.pone.0271988. https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0271988.
    Résumé : Background This study aimed to estimate, using an HIV Recent Infection Testing Algorithm (RITA), the HIV incidence and its associated factors among female sex workers (FSW) in Côte d’Ivoire. Methods A cross-sectional study was conducted in 2016–2017 in Abidjan and San Pedro’s region among FSW aged ≥ 18 years. In addition, a sociodemographic questionnaire, HIV screening was carried out by two rapid tests. In the event of a positive result, a dried blood spot sample was taken to determine, using a RITA adapted to the Ivorian context, if it was a recent HIV infection. Results A total of 1000 FSW were surveyed with a median age of 25 years (interquartile range: 21–29 years). 39 (3.9%) tested positive for HIV. The incidence of HIV was estimated to be 2.3 per 100 person-years, with higher incidence rates among those 24 years old or less (3.0% vs. 1.9%), non-Ivorian FSW (3.2% vs. 1.9%) and those with the lowest education level (4.6% in FSW who never went to school vs. 2.6%). The incidence seemed to be associated with the sex work practice conditions: higher incidence among FSW whose usual price was less than 3.50$ (4.3% vs.1.0%), FSW who had a larger number of clients on the last day of work (6.1% in those with 7 clients or more vs. 1.8%), FSW who reported not always using condoms with their clients (8.5% vs. 1.5%) and FSW who reported agreeing to sex without a condom in exchange for a large sum of money (10.1% vs. 1.2%). Conclusion This study confirms that FSW remain highly exposed to HIV infection. Exposure to HIV is also clearly associated with certain sex-work factors and the material conditions of sex work. Efforts in the fight against HIV infection must be intensified to reduce new infections among FSW.
    Mots-clés : Epidemiology, HIV, HIV epidemiology, HIV infections, Medical risk factors, Sex work, Sexually transmitted diseases, Virus testing.

2019


  • Becquet Valentine et Larmarange Joseph (2019) « La Santé des travailleuses du sexe en Afrique subsaharienne : une population toujours exposée au VIH et soumise à de multiples vulnérabilités » (communication orale), présenté à 2e congrès international de l'Institut du Genre, Anger. https://congresgenre19.sciencesconf.org/.
    Résumé : Les travailleuses du sexe (TS) constituent une des populations prioritaires des programmes de lutte contre le VIH. Pendant longtemps, le focus a été la promotion du préservatif et, dans les années 2000, le dépistage et le traitement des TS infectées. Ces politiques ont-elles véritablement enrayé la vulnérabilité de ces femmes ? Cette communication présentera des résultats issus d'entretiens menés en 2016 (projet ANRS 12361 PrEP-CI) sur différents sites prostitutionnels d'Abidjan et de San Pedro. Les TS sont en réalité exposées au VIH dans de nombreuses situations, notamment avec leurs partenaires réguliers, avec des clients les agressant ou payant davantage d'argent pour un rapport non protégé. Leur faible pouvoir de négociation s'inscrit dans un contexte de domination masculine. À ces vulnérabilités de genre s'ajoutent les vulnérabilités matérielles liées à leurs conditions de travail. Leur mobilité importante pour contourner leur marginalisation sociale est également un facteur de fragilisation. Les nouveaux outils de prévention tels que la prophylaxie préexposition pourraient selon certains compenser ces vulnérabilités et contribuer à leur émancipation en termes de santé. Si cet outil pourrait être approprié, il convient cependant de ne pas considérer ces femmes uniquement au prisme du VIH, puisqu'elles ont de nombreux autres besoins en santé sexuelle et reproductive et font face plus globalement à un problème d'accès aux droits humains fondamentaux.

  • Becquet Valentine, Nouaman Marcellin, Plazy Mélanie, Masumbuko Jean-Marie, Anoma Camille, Kouamé Soh, Danel Christine, Eholié Serge et Larmarange Joseph (2019) « Sexual health needs of female sex workers reached by two NGOs in Côte d’Ivoire: considerations for the future implementation of PrEP [AIDS Impact] » (communication orale), présenté à AIDS Impact, London. http://www.aidsimpact.com/abstracts/-LZFgxedD3IcXCPGWlOB.
    Résumé : Aim In West Africa, most countries have mixed HIV epidemics; new tools such as pre-exposure prophylaxis (PrEP) should target in priority most affected populations, particularly female sex workers (FSWs). This paper describes sexual and reproductive health (SRH) needs of FSWs in Côte d’Ivoire to inform the future implementation of PrEP in this population. Method/Issue The ANRS 12361 PrEP-CI cross-sectional and mixed-methods study was designed and implemented with two Ivorian community-based organizations. 1000 FSWs completed a standardized questionnaire assessing women’s sociodemographic characteristics, sexual practices and behaviors, use of community health services, a priori acceptability of PrEP. Twenty-two in-depth interviews and eight focus group discussions were conducted at prostitution sites. FSWs were interviewed about risky practices and sexual behaviors, experiences with violence and discrimination, attitudes regarding HIV and sexually transmitted infections (STIs), and barriers to SRH services. Results/Comments The quantitative and qualitative results showed that FSWs were highly exposed to HIV despite their use of condoms with clients. 91% did not use condoms with their regular partner, despite their acknowledged concurrent sexual partnerships. 23% accepted condomless sexual intercourse for a large sum of money, especially when they had had few previous clients. Moreover, FSWs faced many unmet needs regarding SRH beyond HIV prevention and treatment. Inconsistent condom use exposed FSWs to STIs and undesired pregnancies. However, the prevalence of contraceptive use was low (40%) due to fear of contraception causing sterility. FSWs faced obstacles in accessing SRH care and preferred advice from their peers or self-medication. Discussion Implementing PrEP among FSWs in West Africa, such as in Côte d’Ivoire, constitutes an opportunity to consider the chronic follow-up of HIV-negative FSWs. PrEP initiation should not condition access to SRH services; conversely, SRH services could be a way to attract FSWs into practicing HIV prevention. Our results highlight the importance of developing a people-focused approach that integrates all SRH needs when transitioning from PrEP efficacy trials to implementation.
  • Nouaman Marcellin, Becquet Valentine, Masumbuko Jean-Marie, Anoma Camille, Soh Kouamé, Plazy Mélanie, Danel Christine, Eholié Serge et Larmarange Joseph (2019) « Female sex workers and HIV acquisition in Côte d’Ivoire: the burden of precariousness and working conditions (ANRS 12361 PREP-CI) » (poster discussion), présenté à INTEREST Workshop, Accra.
    Résumé : Background Female sex workers (FSW) are a population at high risk of HIV acquisition. New tools to diagnose recent HIV infection may be used to better describe risk of HIV acquisition in this group. The ANRS 12361 PrEP-CI project aimed to estimate HIV incidence and describe risk factors among FSW in Côte d'Ivoire. Methods The study was conducted between September 2016 and March 2017 among FSW aged ≥18 years old in Abidjan and San Pedro. Two rapid tests for recent HIV infection (Determine®, Alere and Vikia®, bio Mérieux) were offered to FSW; in case of positive result, a dried blood sport was collected and window period of infection determined using a test for recent infection (EIA-RI) adapted to the Ivorian context. A standardized sociodemographic questionnaire was then administered to FSW by female peer educators, completed with qualitative interviews and focus groups with 60 FSW. Results 1000 SW (400 in San Pedro and 600 in Abidjan) with a median age of 25 years (interquartile range: 21-29) were included in the study and screened for HIV. Of these, 39 were diagnosed with HIV, 7 of which were newly infected (mean duration of infection was 113 days), corresponding to an HIV incidence of 2.3% [95% confidence interval: 1.6 - 3.1%]. The incidence was higher in San Pedro (3.3% [2.2-4.5]) than in Abidjan (1.6% [1.1-2.2]); this can be explained by qualitative data in which FSW in San Pedro expressed difficulties (distance, time, costs ...) in accessing health care services and prevention methods, particularly regarding condoms. HIV infection was also associated with vulnerability: the incidence was higher among those who charged ≤ 2000 CFA francs per intercourse (3.3% vs. 0.7%), those who performed on the streets or in hotels (5.4% and 4.2%, respectively, vs. 3.9% in brothel and 0.8% in bar – drinking spot), and among those who had more than 5 clients the last working day (6.1% vs. 1.8% among those who had under 5 clients) and who could be more difficult to identify and refer to HIV prevention services by female peer educators. Finally, FSW under <25 years old were at higher risk of infection (2.8%) than older ones (1.8%), and HIV incidence was associated with other sexually transmitted infections (STI) (2.5% in those who had ≥ 1 STI in the last 12 months vs. 1.9%). Contrary to expectations, an extensive sex work experience did not reduce exposure to HIV, when we compared FSW who had been working for more than 3 years with the ones who had newly arrived in the sex work industry (2.5% vs. 2.0%). Conclusion This study is one of the first to estimate HIV incidence in Côte d'Ivoire among FSW. This key population is much more exposed than the rest of the general population (2.3% vs. 0.06% estimated by UNAIDS). New infections seem to concentrated among younger FSW in precarious situations and working in remote areas, such as San Pedro area. These vulnerable subgroups should therefore be a priority target for prevention programs such as pre-exposure prophylaxis (PrEP) as recommended by WHO.

2018

  • Becquet Valentine (2018) « « Ton sexe c’est ton café-cacao, c’est ça qui est ton entreprise ! » : la prévention du VIH chez les travailleuses du sexe en Côte d’Ivoire » (communication orale), présenté à 8e Congrès International des Recherches Féministes dans la Francophonie, Université de Nanterre.


  • Larmarange Joseph, Becquet Valentine, Masumbuko Jean-Marie, Nouaman Marcellin, Plazy Mélanie, Danel Christine et Eholié Serge (2018) « Implementing preexposure prophylaxis among key populations: an opportunity for patient-centered services and management of hepatitis B », AIDS, 32 (6) (mars 27), p. 829. DOI : 10.1097/qad.0000000000001749. https://journals.lww.com/aidsonline/Fulltext/2018/03270/Implementing_preexposure_prophylaxis_among_key.17.aspx.
    Résumé : When taken properly, Tenofovir-based oral preexposure prophylaxis (PrEP) has been proven to be efficient to prevent HIV acquisition. Since 2015, PrEP is recommended by the WHO for populations at ‘substantial risk’ of HIV. However, WHO points out the need for additional research on PrEP in ‘real life’ on questions such as demand creation for oral PrEP; best delivery models in different contexts and for different populations; social and behavioral impact of PrEP; or integration of PrEP services with other services. Transitioning from efficacy trials to implementation requires to adapt interventions. Preliminary research (ANRS 12361 PrEP-CI) has been conducted in Côte d’Ivoire (CI) in collaboration with community non-governmental organizations to explore relevance and feasibility of implementing a PrEP program among female sex workers, one of the most exposed populations countrywide (estimated HIV prevalence: 29%). The following observations emerged from that collective work. All efficacy PrEP trials provided a range of sexual healthcare services in addition to PrEP drugs. Such services appeared essential for any PrEP program. By design, they were conditional to PrEP use. However, regardless of their interest in using PrEP, female sex workers interviewed in Côte d’Ivoire, and more broadly key populations worldwide, have many unmet sexual and reproductive health needs: sexually transmitted infections screening and care, contraception and birth control, menstrual management, addictions and risky behaviors… When transitioning to real life, we should not reproduce the service model of efficacy PrEP trials, that is a PrEP program with additional services. Instead, a paradigm shift toward a patient-centered approach should be preferred, that is offering sexual and reproductive health services in which PrEP is an option but not mandatory. In Western and Central Africa, the prevalence of hepatitis B is relatively high. In Cote d’Ivoire, more than 11% of new blood donors were positive for hepatitis B surface antigen in 2008–2012. Tenofovir is also used for hepatitis B treatment. But, currently, treatment is not free for monoinfected hepatitis B patients, whereas it is covered by AIDS programs for HIV-hepatitis B coinfected patients. In such context, it would be ethically unacceptable to provide free HIV PrEP without taking into account patients in needs of hepatitis B treatment. Actually, for those patients, offering Tenofovir-based HIV PrEP constitutes an opportunity to simultaneously treat their hepatitis B. It requires to integrate WHO recommendations on hepatitis B within PrEP guidelines, possibly to simplify hepatitis B care algorithms and to allow hepatitis B care in decentralized sexual health clinics and not only in hospital services. Most efficacy PrEP trials excluded hepatitis B patients. Additional clinical research exploring interactions between HIV PrEP and hepatitis B treatment, in particular the risk of flare if PrEP is stopped, is required. PrEP programs could be built on the existing community services for HIV care and treatment. Providing services for HIV positives and HIV negatives within the same clinics could be a way of minimizing the stigma associated with entry and retention into HIV care. In addition, HIV patients have unmet sexual and reproductive health needs as well. Integrating services together and transforming HIV clinics into sexual health clinics could lead to many health outcomes improvements and also to possible cost sharing and savings. So far, the focus of HIV programs has mainly been on reaching individuals never tested for HIV, identifying new positives and linking them to HIV care and treatment. Transitioning PrEP from trials to implementation constitutes an opportunity for developing people-centered approaches integrating all sexual and reproductive health services together, including hepatitis B. It is crucial to avoid a silo-based perspective in which services are separated from each other. Moving from HIV care clinics to sexual health clinics would allow to globally improve the health of key populations and their partners, beyond HIV outcomes alone. To ensure the success of new prevention programs, we have to take the next step forward. Beyond biomedical innovations, innovations in terms of intervention implementation, delivery models and public health policies are urgently required, in particular in Western and Central Africa. Scaling-up PrEP is a key moment. We should not miss out on this opportunity.
  • Nouaman Marcellin, Becquet Valentine, Masumbuko Jean-Marie, Anoma Camille, Soh Kouamé, Plazy Mélanie, Danel Christine, Eholié Serge et Larmarange Joseph (2018) « Évaluation de l’incidence du VIH chez des travailleuses du sexe en Côte d’Ivoire (PREPCI ANRS 12361) » (communication orale S6.04), présenté à 9e Conférence Internationale Francophone sur le VIH et les Hépatites Virales (AFRAVIH 2018), Bordeaux.
    Résumé : Contexte Bien que les travailleuses du sexe (TS) constituent une population particulièrement à risque du VIH, la compréhension du fardeau du VIH reste limitée dans cette population en Afrique subsaharienne. Le projet PrEP-CI ANRS 12361 comportait une estimation de l’incidence de l’infection VIH chez des TS en Côte d’Ivoire à l’aide de tests d’infection récente. Méthodes L’étude a été conduite entre septembre 2016 et mars 2017 auprès de TS âgées de 18 ans et plus à Abidjan et à San Pedro, en mobilisant une méthodologie mixte :(i) des entretiens qualitatifs individuels et des focus groupes auprès de 60 TS,(ii) un questionnaire sociodémographique standardisé ainsi qu’un dépistage du VIH par deux tests rapides (Determine®, Alere et Vikia®, bio Mérieux) administrés par des paires éducatrices sur les sites prostitutionnels auprès de 1000 TS. En cas de positivité, un prélèvement sur DBS a été réalisé pour déterminer la fenêtre d’infection à l’aide d’un test d’infection récente (EIA-RI) adapté au contexte ivoirien. Résultats 1000 TS (400 à San Pedro, 600 à Abidjan) avec un âge médian de 25 ans [Intervalle Interquartile = 21-29] ont été incluses dans l’étude et ont été dépistées pour le VIH. Parmi elles, 39 ont été diagnostiquées VIH+, dont 7 infectées récemment (durée moyenne de la durée d’infection de 113 jours), correspondant à une incidence du VIH de 2,2%. L’incidence est plus élevée à San Pedro (3,2%) qu’à Abidjan (1,5%). Ces résultats sont à mettre en regard des données qualitatives: les TS de San Pedro ont témoigné de difficultés (distance, horaires, coûts …) à accéder aux soins de santé et aux moyens de prévention, notamment le préservatif. L’infection à VIH est également associée à la vulnérabilité: l’incidence est plus élevée chez celles qui pratiquent des passes ≤ 2000 CFA (3,1% vs. 0,7%); chez celles qui exercent sur les trottoirs (5,1%) et dans les hôtels (3,8%) ; et chez celles qui ne travaillent qu’une fois par semaine (2,9% vs. 0 cas incident observé chez celles qui travaillent tous les jours). Les TS travaillant occasionnellement sont plus difficilement identifiées par les paires éducatrices et ont moins accès à la prévention. Enfin, les TS de moins de 25 ans sont plus à risque d’infection (2,6%) que celles de plus âgées (1,6%) et l’incidence du VIH est associée aux autres IST (2,3% chez celles ayant eu ≥1 IST au cours des 12 derniers mois vs 1,8%). Conclusion Cette étude est l’une des premières à estimer l’incidence du VIH en Côte d’Ivoire chez les TS. Cette population est beaucoup plus exposée que le reste de la population générale (2,2% vs. 0,06% estimé par l’Onusida). Les nouvelles infections se concentrent chez les TS plus jeunes, en situation précaire et travaillant dans des zones reculées, en particulier dans la région de San Pedro. Ces sous-groupes vulnérables doivent donc être visés en priorité par les programmes de prévention et devraient se voir proposer une prophylaxie préexposition (PrEP) selon les recommandations de l’OMS.

2017


  • Becquet Valentine, Masumbuko Jean-Marie, Nouaman Marcellin, Plazy Mélanie, Danel Christine et Larmarange Joseph (2017) « Implementing PrEP among Female Sex Workers in Côte d’Ivoire: new challenges for models of care (PrEP-CI ANRS 12361) » (communication orale 2634), présenté à XXVIII IUSSP International Population Conference, Cape Town. https://iussp.confex.com/iussp/ipc2017/meetingapp.cgi/Paper/2634.
    Résumé : In the past years, two biomedical interventions have been added to classical tools of HIV prevention: early treatment (TasP) and oral pre-exposure prophylaxis (PrEP). Despite the high quality evidence from recent PrEP trials, research on how best to deliver PrEP in ‘real life’ in different populations and settings remains crucial. In Côte d’Ivoire, female sex workers (FSWs) have very high HIV prevalence (29%, UNAIDS 2015) and do not systematically use condoms: a 2014 survey showed a condom use of 90% at last sexual act with a client and 15% with ‘non-client’ partner (Bamba et al. 2014). This strongly suggests that PrEP could be of great value to protect the ‘remaining risky sexual acts’. In this context, we conducted a qualitative survey among 60 FSWs reached by two community NGOs, to identify potential obstacles to regular clinical monitoring of HIV negative FSWs that any incoming program of PrEP will have to take into account. Results showed that barriers remain for HIV negative FSWs to access services offered in dedicated health centres. Implementing a program of PrEP for this population necessitate rethinking health care services and delivery system, as PrEP cannot be delivered without implementing a global package of sexual health services.
  • Becquet Valentine, Nouaman Marcellin, Masumbuko Jean-Marie, Anoma Camille, Soh Kouamé, Alain Tristan, Plazy Mélanie, Danel Christine, Eholié Serge et Larmarange Joseph (2017) « The challenges of implementing PrEP: the case of female sex workers in Côte d’Ivoire » (poster n°WEPDC159), présenté à 19th ICASA International Conference on AIDS and STIs in Africa, Abidjan.
    Résumé : Contexte Depuis 2015, la prophylaxie préexposition (PrEP) du VIH est recommandée par l’OMS pour les populations dites « à risque substantiel » telles que les travailleuses du sexe (TS). Cependant, il y a peu de données sur les modalités pratiques d’intégration de la PrEP dans les activités destinées à ces populations. Objectif Identifier les enjeux, leviers et obstacles potentiels à la mise en œuvre d’un programme PrEP auprès des TS en Côte d’Ivoire. Méthodes Le projet PrEP-CI ANRS 12361, mené entre septembre 2016 et mars 2017 en collaboration avec deux ONG communautaires (Espace Confiance et Aprosam) comportait (i) un questionnaire standardisé administré par des paires éducatrices sur sites prostitutionnels, (ii) des entretiens individuels et des focus groupes menés auprès de 60 TS et (iii) des ateliers de travail avec des ONG communautaires. Résultats Au total 400 TS à San Pedro et 600 à Abidjan, d’un âge médian de 25 ans [Intervalle Inter-Quartile (IIQ) : 21-29], ont été enquêtées. 86,9 % déclaraient utiliser régulièrement le préservatif. Cependant, 58,7 % avaient eu au moins un rapport sans préservatif au cours des 7 derniers jours, 22,6 % accepteraient des rapports sans préservatif contre une forte somme d’argent et 87,4 % n’utilisent pas de préservatif avec leur partenaire régulier. Concernant les besoins en santé sexuelle et reproductive : 43,0 % des TS ont déjà vécu une grossesse non désirée mais seules 39,1 % utilisent une contraception ; 35,9 % travaillent pendant leurs menstruations et 64,7 % ont contracté une IST au cours des 12 derniers mois. Seules 67,3% ont consulté un professionnel de santé au cours des 12 derniers mois. Les entretiens révèlent que malgré le travail des paires éducatrices sur les sites prostitutionnels, le suivi des TS VIH- dans les structures dédiées n’est pas optimal. Si elles sont dépistées plus ou moins régulièrement sur le terrain, elles se rendent rarement dans les cliniques communautaires, évoquant des horaires ou des localisations peu pratiques, ou la crainte d’être identifiée comme TS dans le quartier de la clinique. En cas de rupture de préservatif, les TS préfèrent se tourner vers l’automédication. Les professionnels de terrain soulignent la nécessité de ne pas séparer suivi des VIH+ et des VIH- afin de réduire les risques de stigmatisation. Par ailleurs, ils soulèvent la problématique éthique posée par l’hépatite B, infection endémique non prise en charge financièrement en Côte d’Ivoire et dont le traitement est composé des mêmes antirétroviraux que ceux pour la PrEP. Conclusions La mise en place de la PrEP chez des TS nécessiterait de développer une offre globale de soins en santé sexuelle et reproductive incluant un suivi chronique des TS tant VIH+ que VIH-, ainsi que le dépistage et le traitement de l’hépatite B, tout en articulant cliniques communautaires et stratégies mobiles sur les sites prostitutionnels. Au-delà de la réduction de l’exposition au VIH des TS et leurs partenaires, la mise en place d’une telle approche serait une opportunité pour améliorer plus globalement l’état sanitaire de ces femmes vulnérables.
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