Peu de politiques publiques ont autant d’effets directs sur la vie des individus que les politiques et les programmes de planification familiale. En effet, des politiques volontaristes, voire autoritaires, peuvent décider du nombre d’enfants qu’un couple a le droit de procréer, comme en Chine, ou mener des campagnes de stérilisations massives, mais pas forcément volontaires ni réalisées dans des conditions optimales, comme en Inde. D’autres politiques, intégrées dans des politiques sanitaires, comme en Tunisie, ont au contraire plutôt cherché à influer sur le désir d’enfant des couples. D’autres encore, tout en s’inscrivant dans une logique analogue, comme au Mexique, privilégient d’abord sur le terrain les méthodes les plus à même d’atteindre les objectifs démographiques de réduction de fécondité, avant toute considération de la situation sociale et sanitaire des femmes. D’autres pays enfin, comme la Côte d’Ivoire, commencent seulement à mettre en œuvre de tels programmes et les présentent essentiellement comme un moyen d’améliorer la santé de la mère et de l’enfant grâce à l’espacement des naissances, même si l’objectif de réduction de la croissance démographique n’est pas absent.
Cet ouvrage est le résultat d’un projet du CERPOS (Université de Paris X-Nanterre) et du LPED (UMR 151 IRD-Université de Provence), appuyé par le CEPED. Il a pour objectif de rendre compte de la diversité des politiques et des programmes de planification familiale en décrivant leurs évolutions selon les périodes et les contextes nationaux où ils ont été menés. Plus particulièrement, à travers cinq expériences nationales (Chine, Côte d’Ivoire, Inde, Mexique et Tunisie) l’objectif de cet ouvrage est de préciser l’influence de la Conférence du Caire (1994), dont le programme d’action avait pris fermement parti contre les politiques coercitives et en faveur de politiques permettant aux individus de choisir le nombre et l’espacement des naissances.
Arlette Gautier, Démographe, Maîtresse de conférence à l’Université de Paris X-Nanterre, est actuellement en accueil à l’IRD, au Laboratoire Population-Environnement-Développement, UMR-151 IRD-Université de Provence. Ses travaux portent sur l’impact des politiques démographiques sur la vie des femmes et sur les droits reproductifs des individus.