2008

Estimation et analyse de la variation spatiale du risque et mortalité maternelle en Guinée

Mohamed Lamine Keita et Hawa Touré

Notre travail se base sur l’hypothèse largement acceptée que les caractéristiques socioéconomiques et culturelles des femmes ainsi que l’insuffisance et les difficultés d’accès aux soins de santé reproductive sont des facteurs importants de la morbidité et de la mortalité maternelle. Ainsi, cette étude s’effectue dans le cadre d’une « approche risque » non limitée aux critères individuels des femmes mais étendue à des variables contextuelles mesurées à l’échelle d’entités géographiques pertinentes, dans le but d’identifier et de localiser les zones de haut risque en Guinée.

Les méthodes d’analyse des données spatialisées ont été utilisées pour calculer des indicateurs relativement robustes à l’échelle des sous-préfectures et communes urbaines, à partir des données collectées lors des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS). Les sous-préfectures correspondent au niveau local de prestation des services de santé et d’offre des soins obstétricaux. L’Analyse Factorielle Multiple (AFM) a été utilisée pour combiner judicieusement en un indicateur global de risque ces multiples indicateurs regroupés en trois groupes de variables (socioculturelles, de comportements reproductifs et d’accessibilité des services de santé), chaque groupe définissant une dimension pertinente du risque de morbidité et de mortalité maternelles.

Le premier des indicateurs synthétiques construits s’interprète comme le risque principal lié aux facteurs socioculturels et aux comportements reproductifs des femmes, notamment en termes d’utilisation des services de santé. Le second indicateur s’interprète comme le risque secondaire ; il est essentiellement lié à l’accessibilité et à la qualité des services de santé maternelle.

L’identification des zones de haut risque de mortalité maternelle, dans un contexte de pauvreté où les ressources sont rares et ne suffisent pas pour des actions à l’échelle nationale, permet d’orienter en priorité les interventions vers ces zones.

Mohamed Lamine KEITA, géographe et démographe, est consultant indépendant, notamment dans le domaine du suivi et de l’évaluation de projets de développement agricole mis en oeuvre par le FIDA (Fonds International de Développement Agricole), en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Ses travaux de recherche portent sur des thèmes divers tels que les comportements démographiques et modernité, la typologie des mariages, les migrations internes et la géographie de la santé.

Hawa TOURE est médecin, spécialisée en gestion de projets et programmes de santé. Elle a travaillé plusieurs années au bloc chirurgical du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Donka, à Conakry, puis après une spécialisation au CESAG (Centre Africain d’Études Supérieures en Gestion) à Dakar, comme Coordinatrice Adjointe du Programme National de Maternité Sans Risque (PNMSR). Elle est depuis quelques mois la Directrice Nationale Adjointe de la Santé Publique au Ministère de la Santé Publique en Guinée.