2022 • 53 • ATLAS #02

Défis de la distribution des autotests VIH pour le dépistage des cas index lorsque le partage du statut VIH est faible : résultats préliminaires d’une étude qualitative à Bamako (Mali) dans le cadre du projet ATLAS

Sokhna Boye, Seydou Bouaré, Odette Ky-Zerbo, Nicolas Rouveau, Arlette Simo Fotso, Marc d’Elbée, Romain Silhol, Mathieu Maheu-Giroux, Anthony Vautier, Guillaume Breton, Abdelaye Keita, Anne Bekelynck, Alice Desclaux, Joseph Larmarange, Dolorès Pourette pour l’équipe ATLAS

Ce working paper est une traduction en français de l’article suivant :
Boye S, Bouaré S, Ky-Zerbo O, Rouveau N, Simo Fotso A, d’Elbée M, Silhol R, Maheu-Giroux M, Vautier A, Breton G, Keita A, Beke-lynck A, Desclaux A, Larmarange J and Pourette D (2021) Challenges of HIV Self-Test Distribution for Index Testing When HIV Status Disclosure Is Low : Preliminary Results of a Qualitative Study in Bamako (Mali) as Part of the ATLAS Project. Front. Public Health 9:653543. https://doi.org/10.3389/fpubh.2021.653543

Résumé

Contexte : Le taux de partage du statut VIH aux partenaires est faible au Mali, un pays d’Afrique de l’Ouest avec une prévalence nationale du VIH de 1,2%. L’autodépistage du VIH (ADVIH) pourrait augmenter la couverture du dépistage chez les partenaires des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Le programme AutoTest-VIH, Libre d’accéder à la connaissance de son Statut (ATLAS) a été lancé en Afrique de l’Ouest avec l’objectif de distribuer près d’un demi-million d’autotests VIH de 2019 à 2021 en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal. Le programme ATLAS intègre plusieurs activités de recherche. Cet article présente les résultats préliminaires de l’étude qualitative du programme ATLAS au Mali. Cette étude vise à améliorer notre compréhension des pratiques, des limites et des enjeux liés à la distribution des autotests VIH aux PVVIH afin qu’elles puissent proposer ces tests à leurs partenaires sexuels.

Méthodes : Cette étude qualitative a été menée en 2019 dans une clinique de prise en charge du VIH à Bamako. Elle a consisté en (i) des entretiens individuels avec 8 professionnels de santé impliqués dans la distribution des autotests VIH ; (ii) 591 observations de consultations médicales, y compris de consultations de services sociaux, avec des PVVIH ; (iii) 7 observations de discussions de groupe de PVVIH animées par des pairs éducateurs, entretiens avec les professionnels de santé et les notes d’observation ont fait l’objet d’une analyse de contenu.

Résultats : L’ADVIH a été abordé dans seulement 9% des consultations observées (51/591). Lorsque l’ADVIH était abordée, la discussion était presque toujours initiée par le professionnel de santé plutôt que par la PVVIH. La discussion sur l’ADVIH était peu fréquente car, dans la plupart des consultations, il n’était pas approprié de proposer l’ADVIH au partenaire (par exemple, lorsque les PVVIH étaient veuves, n’avaient pas de partenaire ou avaient délégué quelqu’un pour renouveler leurs ordonnances). Certaines PVVIH n’avaient pas révélé leur statut VIH à leur partenaire. La distribution de l’ADVIH prenait beaucoup de temps, et les consultations médicales étaient très courtes.

Trois principaux obstacles à la distribution d’ADVIH lorsque le statut VIH n’avait pas été divulgué aux partenaires ont été identifiés : (1) la quasi-totalité des professionnels de santé évitaient de proposer l’ADVIH aux PVVIH lorsqu’ils pensaient ou savaient que les PVVIH n’avaient pas révélé leur statut VIH à leurs partenaires ; (2) les PVVIH étaient réticentes à proposer l’ADVIH à leurs partenaires s’ils ne leur avaient pas révélé leur séropositivité ; (3) l’utilisation des stratégies de soutien à la divulgation du statut VIH était limitée.

Conclusion : Il est essentiel de renforcer les stratégies de soutien à la révélation du statut VIH+. Il est nécessaire de développer une approche spécifique pour la mise à disposition des autotests VIH pour les partenaires des PVVIH en repensant l’implication des acteurs. Cette approche doit leur permettre de bénéficier d’une formation adaptée aux problématiques liées à la (non)divulgation du statut VIH et aux inégalités de genre, et d’améliorer le conseil aux PVVIH.

Mots-clés : Autodépistage du VIH, Dépistage cas index, Connaissance du statut VIH, Divulgation du statut VIH, Mali, Personnes vivant avec le VIH, Partenaires de PVVIH, Dépistage.

Working Paper 53
Working Paper 53
PDF - 683.5 kio

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