2020 • 49

La population et le pouvoir de Platon à Marx

Yves Charbit

Résumé

Alors même que la démographie n’existait pas, le concept de population s’est élaboré à travers les siècles à partir de trois disciplines : la philosophie politique et la philosophie morale dans un premier temps, l’économie politique ensuite. Les relations entre le pouvoir et la population ont été explicitement posées par les mercantilistes, dans une logique d’instrumenalisation par le Prince, mais sans réelle théorisation. Les contributions d’autres penseurs majeurs (Bodin, Grotius, Pufendorf, Spinoza, Hobbes, Locke, Quesnay, etc.) à des questions telles que la souveraineté, le degré de liberté de l’individu par rapport à l’État, le conflit des intérêts, le respect de la propriété, l’instruction, éclairent singulièrement la construction du concept tel que nous le connaissons aujourd’hui. Au XVIIIe siècle, un double tournant décisif est pris avec l’économie politique : Adam Smith dessine un homo oeconomicus utilitariste, tandis que Malthus opère une révolution théorique et doctrinale en démontrant la possibilité d’une croissance démoéconomique. Au XIXe siècle, les analyses de la fécondité, de la mortalité et de la mobilité alimentent un plaidoyer idéologique pour un modèle bour-geois de comportement démographique à vocation universelle. Ni Proudhon ni Marx ne parvinrent à s’y opposer avec succès. Ce texte développe le discours de réception du doctorat Honoris Causa décerné par l’Université de Cordoba (Argentine) le 6 juin 2019.

Working Paper 49
Working Paper 49
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Référence

La population et le pouvoir de Platon à Marx

Working Paper du Ceped #49, Centre Population et Développement. 2020, 19 p
Rapport