Résumé
Les fondements de la pensée sur la population remontent à la philosophie politique des XVIe et XVIIe siècles (Filmer, Hobbes, Pufendorf, Grotius, Spinoza, Locke). La pensée sur la population a au moins trois racines sous-jacentes : les théories de l’autorité familiale et de la propriété, autour desquelles s’articulent les trois figures (le prince, le père, le propriétaire) ; la relation entre connaissance, instruction et opinion publique, ce qui conduit aux modalités de résolution du conflit potentiel entre les intérêts individuels et l’intérêt collectif ; enfin, la contestation de l’absolutisme, facteur décisif bien que lointain de l’émergence de la pensée démographique. Alors que l’absolutisme voyait dans la population une masse amorphe, au terme d’une longue évolution des idées à travers l’Europe, c’est l’émergence de l’individualisme qui permet celle de la démographie. Pour autant il faudra attendre que s’affirme l’économie politique pour qu’avec Smith et Malthus naissent à quelques décennies d’intervalle l’homo oeconomicus et l’homo demographicus.
Mots-clés
Philosophie politique, philosophie morale, interdisciplinarité, histoire des idées, épistémologie.