Résumé
Les enjeux cliniques et thérapeutiques majeurs liés à la régularité du suivi médical des PVVIH amènent à analyser les processus qui peuvent conduire les individus à cesser le suivi de leur infection.
Une enquête anthropologique a été conduite à Kayes, au Mali, en 2008-2009 par observation en milieu hospitalier et associatif et entretiens auprès de 24 PVVIH ayant cessé le suivi de leur infection à un moment donné et de 8 soignants impliqués dans la prise en charge des PVVIH.
La production sociale des ruptures de suivi médical mise en exergue dans cette contribution incite à appréhender l’inobservance non pas comme un comportement individuel mais comme le symptôme de difficultés et dysfonctionnements perceptibles au niveau du vécu de la maladie par les personnes infectées, de la relation de soin et de la structure de prise en charge. À chacun de ces niveaux, sont identifiés des tensions (entre des systèmes de contraintes et de valeurs contradictoires par exemple), voire des dysfonctionnements (de l’offre et de la relation de soin) qui interagissent et favorisent les interruptions de suivi des PVVIH.
Cette analyse permet de souligner la responsabilité partagée des acteurs dans la production des ruptures de suivi et appelle à un renouvellement des réponses apportées à l’inobservance (l’éducation thérapeutique par exemple) qui, focalisées sur les seuls patients, occultent les enjeux relationnels, organisationnels et structurels du phénomène.
Mots-clés
Ruptures de suivi, approche anthropologique, VIH, inobservance, traitements antirétroviraux, enquête par entretiens, Mali.