Résumé
Le mot « crise » est très galvaudé et a parfois fini par ne plus rien dire. Aussi convient-il de s’interroger sur la pertinence analytique d’une notion qui est censée nous éclairer sur la production de certains types de migrations, notamment forcées. Le mot « crise » se décline en l’occurrence suivant plusieurs registres de dramati-sation qui vont de l’inflation des chiffres à la criminalisation des conflits en passant par la politisation des catastrophes naturelles. À y regarder de plus près, il s’avère que ce phénomène tient à trois principales raisons : sur le plan méthodologique, d’abord, le problème de la mesure de l’intensité des crises ; sur le plan analytique, ensuite, la grande confusion qui résulte de la perte des repères du monde bipolaire de la guerre froide ; sur le plan de la communication, enfin, une tendance récurrente à l’instrumentalisation des chiffres dans le cadre d’une économie politique qui conditionne en grande partie le mode de fonctionnement des systèmes d’alerte. En conclusion, il apparaît nécessaire de préciser une notion qui peut brouiller autant qu’éclairer l’étude des migrations.
Mots clés
Crises, migrations, déplacements forcés de populations, conflits armés, catastrophes naturelles.