Ce Working Paper est co-édité en partenariat avec le LPED.
Résumé
Cet article étudie la manière dont les femmes ou les couples gèrent les grossesses non prévues dans les capitales du Maroc et du Sénégal (Rabat et Dakar), deux pays soumis à des règles strictes en matière de sexualité des célibataires. Nous analysons les logiques sociales et individuelles qui prévalent à l’annonce d’une grossesse inattendue et la manière dont se prennent les décisions qui vont aboutir à la poursuite de cette grossesse ou à son interruption. Nous nous basons sur des données qualitatives tirées d’un programme financé par l’Union Européenne entre 2005 et 2009, sur l’usage de la contraception d’urgence dans les villes africaines. Nos résultats montrent qu’en dépit de programmes de planification familiale plus performants dans leur pays, les femmes de Rabat vivent leur entrée en sexualité dans des conditions difficiles. Si à Dakar la chasteté avant le mariage est prônée, le non-respect de cette règle entraîne des sanctions beaucoup moins sévères qu’au Maroc. Le choix de l’avortement en cas de grossesse non prévue évolue avec le cycle de vie des individus et selon le stade de la relation. Une pratique envisageable à un moment donné, ne l’est plus forcément à d’autres moments de la relation. Enfin, dans les deux villes, nos données révèlent une forte implication des familles dans la gestion de la formation des couples et de leur fécondité. Cette tendance apparaît cependant plus exacerbée au Maroc où les familles se mobilisent parfois âprement pour obliger ou interdire un avortement.
Mots-clés
Avortement, décision, Afrique, grossesse non prévue, relations de genre, Maroc, Sénégal