Axe 1 Santé mondiale : crises, politiques, interventions

RESISTE-FRANCE Action incitative combinée, centrée sur les acteurs de soins primaires, pour améliorer le dépistage du cancer du col de l’utérus chez des femmes socialement défavorisées et non suivies : évaluation de l’efficacité et des enjeux éthiques et économiques

Responsable scientifique

  • BARDOU Marc , CHU Dijon Bourgogne

Membres du Ceped

Partenariats

Financement

Institut National du Cancer (INCa)

Résumé

Contexte scientifique : potentiellement éradicable, le cancer du col de l’utérus (ccu) est en France, avec environ 3000 cas par an, le troisième cancer gynécologique le plus prévalent, le second chez la femme avant 45 ans. Les femmes en situation socio-économique défavorisée associent plus de facteurs de risque et une moins bonne adhésion aux mesures de prévention : vaccination contre les papillomavirus humains (hpv) et réalisation d’examens de dépistage (frottis cervico-utérin, fcu).

C’est le cancer féminin qui a, en France, la plus grande part attribuable à la précarité (21,1%). De plus dans les départements d’Outre-mer (DOM), comme à la Réunion ou à la Martinique, l’incidence et la mortalité de ce cancer sont 2 à 3 fois plus élevées qu’en France métropolitaine, en raison notamment d’une faible couverture par le fcu, malgré l’introduction du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus (doccu) en 2010.

Hypothèses de recherche :

  1. il existe des disparités socio-économiques, culturelles et géographiques dans la participation au doccu en défaveur des femmes de faible niveau socio-économique, notamment dans les DOM ;
  2. des facteurs d’ordre structurel et socioculturel influencent les pratiques de dépistage par fcu, tant du côté des femmes que de celui des professionnels de santé ;
  3. l’auto-prélèvement pour la recherche de papillomavirus à haut risque oncogène (aphpv) est bien accepté par les femmes socialement défavorisées n’ayant pas réalisé de frottis depuis 3 ans , mais son taux de retour reste sous optimal et peut être amélioré ;
  4. la modalité de retour de l’auto-prélèvement influence le taux de retour ;
  5. la modalité de retour de l’aphpv influence le taux de réalisation d’un fcu en cas de test hpv positif ;
  6. l’incitation financière diminue les inégalités socio-économiques dans la participation au dépistage.

L’intervention concerne les femmes vivant dans des zones géographiques défavorisées, non à jour de leur fcu et qui n’ont pas répondu dans les 6 mois à l’invitation à réaliser cet examen. Elle est basée sur l’envoi par la poste au domicile des femmes d’un courrier de pré-invitation suivi de l’envoi d’un courrier d’invitation accompagné d’un kit d’aphpv. La mise en œuvre de l’intervention sera réalisée par les 4 centres en charge du doccu couvrant l’Alsace, les Bouches du Rhône, la Martinique et la Réunion, en collaboration avec les autres acteurs institutionnels.

Elle débutera par la sélection, dans chaque département, de 24 iris (ilots regroupés pour une information statistique) parmi les plus socialement défavorisés (classés 4 et 5 selon l’indice de déprivation européen), puis par le tirage au sort de 19 femmes par iris (1824 au total). Ces iris seront répartis aléatoirement dans 3 groupes d’intervention et un groupe contrôle, selon la modalité de retour de l’aphpv : retour postal sans incitation économique (groupe 1 ou contrôle) ; retour chez un professionnel de santé (ps) de proximité, pharmacien ou médecin/sage-femme (groupe 2) ; retour postal avec incitation économique (groupe 3), retour chez un ps avec incitation économique (groupe 4).

Evaluation : le projet vise à évaluer l’efficacité (taux de retour des aphpv, critère de jugement principal) les enjeux éthiques et économiques ainsi que la distribution des bénéfices de l’intervention.

Une méthode mixte, qualitative et quantitative, permettra d’étudier :

  1. la faisabilité, l’acceptabilité et le processus de mise en œuvre de l’approche par aphpv ;
  2. les effets de l’aphpv sur l’autonomie des femmes ;
  3. les effets des différentes modalités de retour de l’aphpv sur la participation au dépistage (critère de jugement secondaire) ;
  4. la transférabilité de l’intervention entre les contextes de la métropole et des départements d’outre-mer. L’outil astaire sera utilisé dès le début et pendant toute la durée du projet en vue de le rendre potentiellement transférable à d’autres contextes.

Résultats attendus : on s’attend à ce que certaines modalités de retour de l’aphpv augmentent le taux de retour des aphpv, et la participation au doccu chez les femmes non adhérentes. Nos résultats , incluant l’analyse des enjeux éthiques et économiques, permettront de proposer des stratégies adaptées aux différents contextes géographiques et socioculturels, en tenant compte des partenariats locaux existants ou envisageables pour cibler les femmes socialement défavorisées, et des ressources à mobiliser. Une prévention renforcée pour les femmes socialement défavorisées, et l’analyse des spécificités des outre-mer, permettront à terme de réduire la mortalité et les conséquences socio-économiques du cancer du col de l’utérus.

Mots-clés

cancer du col de l’utérus, prévention, human papilloma virus, auto-prélèvement, population défavorisée

Zones géographiques

  • France métropolitaine
  • la Réunion
  • La Martinique

Contacts

Calendrier

  • 2020-2024

Publications

2022

  • Hagège Meoïn et Pourette Dolorès (2022) « Pratiques autour du cancer du col : regards croisés à partir d’enquêtes qualitatives à La Réunion et à Mayotte » (communication orale), présenté à ONCOTOM. 11ème Congrès de cancérologie des départements & régions d’outre-mer, La Saline, La Réunion.


  • Hassine Amir, Antoni Guillemette, Fender Muriel, Slama Katia, Léandri François-Xavier, Fanon Jean-Luc, Auvray Christelle, Bandjee Marie Christine Jaffar, Traversier Nicolas, Fagour Laurence, Rochaix Lise, Fiorina Camilla, Pourette Dolorès, Opigez Eric, Dumont Alexandre, Bardou Marc et Group Resiste Study (2022) « Combined incentive actions, focusing on primary care professionals, to improve cervical cancer screening in women living in socioeconomically disadvantaged geographical areas: a study protocol of a hybrid cluster randomised effectiveness and implementation trial- RESISTE », BMJ Open, 12 (11) (novembre 1), p. e065952. DOI : 10.1136/bmjopen-2022-065952. https://bmjopen.bmj.com/content/12/11/e065952.
    Résumé : Introduction Cervical cancer (CC) causes thousands of deaths each year. Nearly 100% of cases are caused by oncogenic strains of human papillomavirus (HPV). In most industrialised countries, CC screening (CCS) is based on the detection of HPV infections. For many reasons including lower adherence to CCS, underserved women are more likely to develop CC, and die from it. We aim to demonstrate that the use of incentives could improve screening rates among this population. Methods and analysis Our cluster randomised, controlled trial will include 10 000 women aged 30–65 years eligible for CCS, living in deprived areas in four French departments, two mainlands and two overseas, and who did not perform physician-based HPV testing within the framework of the nationally organised screening programme. HPV self-sampling kit (HPVss) will be mailed to them. Two interventions are combined in a factorial analysis design ending in four arms: the possibility to receive or not a financial incentive of €20 and to send back the self-sampling by mail or to give it to a health professional, family doctor, gynaecologist, midwife or pharmacist. The main outcome is the proportion of women returning the HPVss, or doing a physician-based HPV or pap-smear test the year after receiving the HPVss. 12-month follow-up data will be collected through the French National Health Insurance database. We expect to increase the return rate of HPV self-samples by at least 10% (from 20% to 30%) compared with the postal return without economic incentive. Ethics and dissemination Ethics approval was first obtained on 2 April 2020, then on July 29 2022. The ethics committee classified the study as interventional with low risk, thus no formal consent is required for inclusion. The use of health insurance data was approved by the Commission Nationale Informatique et Libertés on 14 September 2021 (ref No 920276). An independent data security and monitoring committee was established. The main trial results will be submitted for publication in a peer-reviewed journal. Trial registration number NCT04312178.
    Mots-clés : Gynaecological oncology, Health economics, Health policy, ONCOLOGY, PREVENTIVE MEDICINE, PUBLIC HEALTH.
  • Pourette Dolorès (2022) « Etude qualitative des freins et leviers au dépistage du cancer du col de l’utérus à La Réunion » (communication orale), présenté à Conférence de l'Institut Pasteur de Madagascar, Antananarivo.
  • Pourette Dolorès (2022) « Inégalités d’accès à la prévention du cancer du col de l’utérus à La Réunion » (communication orale), présenté à AFRAVIH, Marseille.
  • Pourette Dolorès, Cripps Amber, Desprès Caroline, Bardou Marc et Dumont Alexandre (2022) « Améliorer la prévention du cancer du col de l’utérus à La Réunion par un dispositif d’auto-prélèvement à domicile. Résultats du volet qualitatif du programme RESISTE » (poster), présenté à CoRES. Congrès de Recherche en Santé de l'océan Indien, Saint-Leu, La Réunion.


  • Pourette Dolorès, Cripps Amber, Guerrien Margaux, Desprès Caroline, Opigez Eric, Bardou Marc et Dumont Alexandre (2022) « Assessing the Acceptability of Home-Based HPV Self-Sampling: A Qualitative Study on Cervical Cancer Screening Conducted in Reunion Island Prior to the RESISTE Trial », Cancers, 14 (6), p. 1380. DOI : 10.3390/cancers14061380. https://www.mdpi.com/2072-6694/14/6/1380.
    Résumé : Cervical cancer incidence and mortality rates are 2 to 3 times higher in the overseas department of Reunion compared with mainland France. RESISTE’s cluster-randomized controlled trial aims to test the effectiveness of home-based self-sampling (HBSS) through a high-risk oncogenic papillomavirus test sent out by post to women who have not been screened in the past 3 years, despite having been invited to do so through a reminder letter. Prior to the trial, qualitative research was carried out to understand screening barriers and assess anticipated acceptability. Semi-structured interviews were conducted with 35 women and 20 healthcare providers. Providers consider HBSS a viable method in reaching women who tend not to visit a doctor regularly, or who are reluctant to undergo a smear pap, as well as those who are geographically isolated. They considered, however, that women would require support, and that outreach was necessary to ensure more socially isolated women participate. The majority of the women surveyed were in favour of HBSS. However, two-thirds voiced concerns regarding the test’s efficiency and their ability to perform the test correctly, without harming themselves. Based on these findings, recommendations were formulated to reassure women on usage and quality, and to help reach socially isolated women.
    Mots-clés : cervical cancer screening, home-based self-sampling, HPV testing, qualitative study, Reunion Island, social disadvantage, social isolation, socio-economic insecurity.
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