Parcours de vie et santé chez les migrants d'origine d'Afrique subsaharienne vivant en Île-de-France
En savoir plusEn France, pays de l’universalisme républicain, il existe peu de travaux qui portent sur un groupe de population d’une origine donnée. L’analyse des faits sociaux évite en général la caractérisation par l’origine, de peur qu’une lecture culturaliste occulte les processus sociaux ou politiques générateurs d’inégalités. Pourtant la question immigrée croise la question sociale sans s’y réduire.
Dans le domaine de la lutte contre le sida, devant le poids disproportionné de l’épidémie chez les immigrés venus d’Afrique subsaharienne, il est apparu indispensable d’envisager des études spécifiques dans ce groupe de population pour comprendre les causes du phénomène, appréhender l’effet des politiques de prévention et de soin ou encore mesurer l’impact de la maladie. C’est pourquoi des chercheurs et des associations se sont engagés dans l’enquête Parcours, menée en 2012-2013, qui a cherché à explorer comment les trajectoires migratoires, sociales, administratives et de santé s’entrecroisent et se construisent chez les immigrés africains vivant en Ile de France. Deux mille cinq cents personnes nées en Afrique subsaharienne, certaines affectées par le VIH, d’autres pas ont ainsi accepté de retracer leur histoire résidentielle, familiale, professionnelle, leur parcours de santé.
À partir d’une entrée « par la santé » et en mettant en perspective les trajectoires et les conditions de différents groupes, cette enquête permet de dessiner les difficultés d’installation des immigrés d’Afrique subsaharienne, les bouleversements familiaux et professionnels qui accompagnent l’arrivée en France, et leurs conséquences en termes de santé, y compris sexuelle.
L’ouvrage présenté ici rassemble les principaux résultats issus de cette enquête. Il montre en particulier que le VIH n’est pas une « maladie des Africains » mais une « maladie de la précarité ». En cela il permet de lutter contre le culturalisme et la stigmatisation, et s’adresse à toutes les personnes intéressées par la question de l’accueil des immigrés en France.
Cette recherche a été conduite sous la responsabilité scientifique d’Annabel Desgrées du Loû (IRD), France Lert (Inserm), Rosemary Dray-Spira (Inserm), Nathalie Lydié (Santé Publique France) Nathalie Bajos (Inserm). Elle a été financée par l’Agence Nationale de la Recherche sur le Sida et les hépatites Virales (ANRS), avec le soutien de la Direction Générale de la Santé et l’agence Santé Publique France.
Les documents de l’enquête et les informations sur l’accès aux bases de données par les chercheurs sont disponibles ci-dessous. Les publications scientifiques issues de ce projet sont disponibles ici.
Pourquoi et comment l'infection VIH percute-t-elle la vie des immigrés d’Afrique subsaharienne en France ?
Première étude quantitative d’ampleur menée par des chercheurs et des associations au sein de cette population particulièrement touchée par le virus, l’enquête ANRS Parcours a retracé en 2012-2013 les trajectoires migratoires, sociales, administratives et de santé de ces immigrés. Elle met en relief les difficultés d’installation, les bouleversements familiaux et professionnels à l’arrivée en France, et leurs conséquences en termes de santé publique.
Plus qu’une recherche en santé publique, Parcours est une étude sur l’immigration en provenance de cette région du monde, une immigration marquée par des années de fragilité administrative et d’insécurité au quotidien. Elle met au jour les facteurs structurels qui pèsent, souvent de façon durable, sur l’installation des immigrés en France et accroissent leurs risques d’être infectés par le VIH une fois sur place. Elle montre aussi l’importance des dispositifs qui mettent en œuvre le principe d’universalité de l’accès aux soins (AME, PASS, associations humanitaires) et la nécessité de les garantir.
Car la lutte contre le sida, véritable maladie de la précarité, passe par la réduction des inégalités de santé.
Sous la direction d’Annabel Desgrées du Loû et France Lert.
Avec des contributions de Margot Annequin, Nathalie Bajos, Flávia Bulegon Pilecco, Pierre Chauvin, Annabel Desgrées du Loû, Rosemary Dray-Spira, Fred Eboko, Marjorie Gerbier-Aublanc, Virginie Gigonzac, Anne Gosselin, Agnès Guillaume, Mireille Le Guen, Éva Lelièvre, France Lert, Fredérike Limousi, Nathalie Lydié, Barbara Maraux, Élise Marsicano, Julie Pannetier, Dolorès Pourette, Andrainolo Ravalihasy, Nicolas Vignier.
Préface de Jean-François Delfraissy.